Près de Toulouse, ils refusent de se faire enfumer par l'usine à bitume

Gragnague (Haute-Garonne), reportage

En arrivant à Gragnague depuis la sortie d’autoroute, les panneaux « Terrain à bâtir » attirent le regard. Il reste quelques emplacements dans la zone d’aménagement concerté (ZAC) Trèzemines-Tuileries, une zone pavillonnaire flambant neuve. Le quartier « offre un admirable décor de vie », vante l’annonce d’un promoteur immobilier. C’était sans compter le projet d’installation d’une usine à bitume à 700 mètres de là.

Les Gragnaguais, au nombre de 2 100, ont appris la nouvelle il y a deux semaines. Vinci autoroutes, le concessionnaire de l’A68, veut rénover des chaussées sur 17 kilomètres. Pour ce faire, Eurovia, filiale du groupe, a déposé une demande d’exploitation d’une centrale d’enrobage à chaud temporaire sur un terrain situé au bord de l’autoroute, dans le domaine public autoroutier concédé.

« Une centrale, c’est une bombe sanitaire », s’alarme Charlotte une riveraine qui a rejoint le collectif Non à l’usine à goudron à Gragnague. Les rejets atmosphériques de ces installations contiennent des substances nocives telles que le benzène et du benzopyrène, classées comme cancérigènes avérées, mutagènes et reprotoxiques par l’Organisation mondiale de la santé.

Les habitants craignent pour leur santé et celle de leurs enfants. « À proximité il y a une maison d’assistantes maternelles, une école et un lycée accueillant 1 700 élèves », liste cette mère de trois enfants. En 2012, une centrale temporaire a laissé un mauvais souvenir au voisin le plus proche du site. « Il ne pouvait plus ouvrir ses fenêtres à cause des odeurs, du bruit et des poussières », relate la Gragnaguaise.

200 personnes mobilisées

Les fumées de l’usine menacent aussi l’environnement et la campagne vallonnée que les nouveaux habitants avaient choisis pour décor. Lorsqu’ils retombent au sol sous forme de gouttelettes, les rejets de la centrale touchent toute la biodiversité et les activités agricoles.

Le collectif citoyen se mobilise donc pour alerter la population et les élus locaux. Bien que sans pouvoir décisionnaire, le maire de Gragnague a pris publiquement position contre la centrale lors d’une manifestation samedi dernier qui a réuni 200 personnes. Un nouveau rassemblement est prévu samedi 18 mars à 10 h 30 devant le site d’Eurovia.

Il y a urgence à agir pour le collectif car la consultation du public s’achève le 20 mars. Un rapport sera ensuite remis au préfet qui pourra prendre en compte ou non l’avis des citoyens avant de rendre sa décision. Le début d’exploitation est prévu le 10 avril.

En attendant, les employés d’Eurovia s’activent déjà sur le site de la future centrale. « C’est…

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Auteur: Reporterre