On ne le sait que trop bien, la vie politique n’est jamais avare d’une belle embardée. Lundi dernier, après le délibéré la condamnant à une forte amende, quatre ans de prison dont deux ferme et cinq ans d’inéligibilité, on disait Marine Le Pen fichue, vouée à céder sa place de candidate à Jordan Bardella. Une semaine plus tard, son opération reconquête a déjà pris de l’épaisseur. Elle est parvenue à faire circuler l’idée, jusque dans la bouche du premier ministre, que la justice ne doit pas entraver la vie politique. Elle a obtenu un appel dès l’été 2026 et a réussi, hier, à rassembler dans le calme plusieurs milliers de ses partisans, place Vauban, à Paris.
Surtout, elle continue de s’imposer comme la candidate de son camp à l’élection présidentielle, malgré l’inéligibilité dont elle reste frappée. Cette façon de nier les effets d’un jugement défavorable, ou en tout cas de mettre le système judiciaire sous pression dans l’espoir d’obtenir une décision différente en appel, n’est pas sans risque. Car même si les responsables du RN affirment tempérer leur discours anti-juges, ils diffusent, en agissant ainsi, l’idée qu’on ne peut plus avoir confiance dans nos institutions. Ils prennent le risque de jouer le peuple contre les élites, les électeurs contre le pouvoir judiciaire. Le reportage que La Croix publie dans cette édition montre combien l’image d’une justice politisée, agissant dans l’intérêt du pouvoir en place, est déjà bien implantée.
On ne joue pas impunément avec ce qui fonde notre pacte républicain. Le contexte international actuel, particulièrement instable, nos institutions déjà fragiles et le niveau de défiance vis-à-vis des responsables politiques devraient nous imposer d’être encore plus vigilants vis-à-vis de nos règles démocratiques. Si la campagne présidentielle de 2027 a commencé…
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