Présidentielle : le Parti animaliste a les crocs

Sur l’une de ses photos de campagne, elle regarde l’horizon, l’air déterminé, un molosse au poil cuivré et aux yeux doux sous le bras. Pour la présidentielle de 2022, Hélène Thouy, la candidate du Parti animaliste, voit loin. Après un score de 2,2 % aux élections européennes de mai 2019, un récent sondage Ifop créditait le parti consacré à la défense des animaux de 2 % des intentions de vote à la présidentielle. Pas de quoi envisager une investiture. Reste que le tout jeune parti — créé en 2016 — pourrait devancer des adversaires installés depuis bien plus longtemps sur la scène politique, que ce soit l’ancien ministre Arnaud Montebourg (1 %), l’anticapitaliste Philippe Poutou (0,5 %) ou encore la candidate de Lutte ouvrière (LO) Nathalie Arthaud (0,5 %).

Selon le politologue Daniel Boy, le succès (certes relatif) du Parti animaliste peut s’expliquer par la montée en puissance de l’intérêt des Français pour le bien-être animal. Pendant longtemps, les habitants du pays de Descartes ont cru que les non-humains ne souffraient pas. Cette mentalité évolue, observe le directeur de recherche émérite au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Les avancées dans le domaine de l’éthologie, qui ont montré que nos compagnons à poils et à plumes pouvaient eux aussi faire preuve d’empathie et d’intelligence, ainsi que la médiatisation par L214 de scènes de cruauté tournées dans des élevages intensifs, ont contribué à un « changement de valeur ». La question est aujourd’hui jugée digne d’intérêt par un grand nombre de Français : en 2021, selon un sondage Ifop pour 30 Millions d’amis, 68 % d’entre eux considéraient que le gouvernement ne prenait pas suffisamment en compte la protection animale dans sa politique.

Une affiche du Parti animaliste à Tarascon lors des élections européennes de 2019. Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0/Olivier

« Nous ne pouvons pas continuer ainsi »

Une enquête menée en 2019 par la Fondation Jean Jaurès esquisse un portrait de l’électorat animaliste. En dépit de leur opposition conjointe à l’élevage intensif, à la chasse et à la corrida, les Verts et le Parti animaliste ne partagent « pas du tout » les mêmes écosystèmes électoraux. Alors que les zones de force d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) sont principalement situées au cœur des métropoles, le Parti animaliste réalise pour le moment ses meilleurs scores en périphérie des grandes villes, notamment dans le quart nord-est et l’extrême…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Hortense Chauvin Reporterre