Présidentielles 2022 : ce grand désir d'abstention…. — Paul ARIES

Les spécialistes attitrés des grands médias pérorent sur la montée des extrêmes en comparant la situation à gauche et à l’extrême-droite de l’échiquier politique. Nous ne comprendrons pourtant rien aux temps maudits actuels si nous ne voyons pas que la division des gauches n’est en rien comparable à l’éclatement des (extrêmes)droites.

La candidature Zemmour créé les conditions de la constitution d’un bloc hégémonique de droite auquel travaille, depuis des décennies, le Carrefour (ex-club) de l’horloge. Il suffit d’y ajouter un zeste de Nouvelle-droite à la sauce Alain de Benoist pour obtenir un bloc de droite dépassant les (vieux) enfants de Pétain. L’éclatement de la droite a l’efficacité d’un râteau qui permet de ratisser très large autour d’un projet fondé sur l’identité, un projet capable d’é-mouvoir, de faire bouger…

La division de la gauche, loin de permettre une telle addition finale, est une soustraction. Elle ne conduit pas à un élargissement de sa base électorale mais à sa dilution, elle n’est pas fondée sur un imaginaire fécond (l’égalité versus l’identité) mais sur un confusionnisme des valeurs comme l’a montré Philippe Corcuff. La gauche crève de l’absence d’un grand projet à la hauteur de celui des droites (qu’est devenu l’éco-socialisme que chacun dans les gauches pouvait décliner à sa façon ?), ce que le philosophe marxiste Ernst Bloch nommait avec raison un principe-espérance. Qu’on ne se méprenne pas sur mes propos : les programmes des divers partis des gauches et de l’écologie sont très riches, qu’il s’agisse de celui d’EELV, du PCF, de Montebourg, de l’UP (LFI) et même parfois du PS… Inutile de me cacher derrière mon poing levé, je préfère L’Avenir en commun, mais un programme, aussi bon soit-il, ne fait pas un projet, il y manque un souffle.

Je sais bien que les gauches souffrent plus que les droites de la situation actuelle : elles ont besoin d’une politique du corps-à-corps que ne permettent plus les mesures sanitaires, elles ne peuvent jamais gagner sans grandes mobilisations sociales notamment syndicales. Les gauches souffrent aussi beaucoup plus que l’extrême-droite de la dégradation du débat politique, car la parole des gauches se construit sur la rationalité, pas sur la haine, elle suppose de rompre avec les fausses-évidences (les immigrés volant le travail). A droite, 1 + 1 cela peut faire 3 ! A gauche, 1 + 1, cela fait 0,5 comme l’atteste le fait que le principal vote populaire devient…

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Auteur: Paul ARIES Le grand soir