La gratuité des transports en commun se fonde autant sur des préoccupations politiques et sociales que sur des motivations écologiques. Elle s’avère le plus court chemin pour sortir de la civilisation de la voiture, alors que les transports constituent le second secteur d’activité responsable de la consommation d’énergie finale et le premier en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Le transport routier représente 94,8 % des émissions, le transport aérien 3,6 %, le train 0,4 % et le transport fluvial 1,1 %.
L’échec des transports marchands
L’offre de transports collectifs urbains progresse certes fortement depuis une trentaine d’années mais cette augmentation a juste permis de maintenir la fréquentation au niveau initial, tandis que le taux de couverture des dépenses par les recettes de billetterie s’est fortement dégradé, en raison des choix techniques réalisées par les villes sous la pression des lobbies des transports. J’avoue comprendre les collectifs mobilisés contre le remplacement des bus par des trams, trop souvent simple gadget « vert », alors que les investissements pourraient être utilisés autrement… y compris pour financer la gratuité et réaliser ainsi un report modal plus rapide de la voiture vers le bus. Le tram représente de vingt à trente millions d’euros le kilomètre soit quatre fois plus que le bus. Augmenter l’offre ne suffit pas davantage comme le prouve la ville de Lyon ou la création du métro et des trams a fait passer la part des transports en commun de 22 % en 1976 à 21 %… Deux solutions s’affrontent donc : soit renoncer aux transports en commun (ou augmenter fortement le prix ce qui revient au même), comme Londres avec un abonnement à 144 euros, Dublin (Irlande) 120 euros ou Sydney (Australie) 109 euros, soit choisir la gratuité comme des centaines de villes dans le monde !
Le droit à la mobilité
La gratuité des transports en commun défend le droit à la ville dans une période d’explosion de la population urbaine et de gentrification systématique. Huit millions de pauvres peinent à se déplacer quotidiennement en France. Le sociologue Yves Jouffe, spécialiste des transports et de la mobilité, rappelle que « Pour les pauvres, tout est plus loin, plus cher et plus lent » . La faiblesse des revenus entame la capacité de mobilité ce qui enferme dans la précarité. Jouffe dénonce une double vulnérabilité énergétique : celle liée au chauffage et celle liée aux transports, ce qui conduit de nombreux ménages à renoncer à se…
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Auteur: Paul ARIES Le grand soir