Pression, accidents : la face cachée des chantiers du Grand Paris Express

« Le béton, sur un chantier, c’est ton dieu. Quand il arrive, il décide de ton temps, de tes horaires. » Ses conditions de travail, Étienne en parle avec une certaine nonchalance. Les années d’expérience et de syndicalisme lui ont permis de prendre du recul. Il en faut, car il n’a jamais vu de chantier sans pression sur les délais.

D’après les témoignages recueillis par Reporterre, les chantiers du Grand Paris Express n’échappent pas à la règle. Étienne y a travaillé un an pour le compte d’ETF construction, une filiale de Vinci, jusqu’en février 2022. Poseur de voies, il travaillait dans le tunnel du prolongement sud de la ligne 14. Le Grand Paris Express prévoit quatre nouvelles lignes de métro, et deux extensions. 200 kilomètres de voies supplémentaires et 60 nouvelles gares, dont il est possible de suivre l’avancée en ligne. Le tout pour plus de 40 milliards d’euros selon la dernière évaluation en date. Selon la Société du Grand Paris, 170 chantiers sont en cours, où travaillent plus de 6 700 personnes. « C’est l’un des plus grands chantiers d’infrastructure d’Europe », précise-t-elle.

Plus de 6 700 personnes travaillent sur les 170 chantiers du Grand Paris Express. © Marie Astier / Reporterre

L’ambition est historique. Et questionnée depuis la médiatisation de la mort de trois ouvriers sur ces chantiers. Un intérimaire en février 2020 sur un tunnelier de la ligne 14 à Villejuif, qui a abouti à des poursuites contre une filiale de Vinci, Dodin Campenon-Bernard. Un salarié d’Eiffage en décembre 2020 sur le chantier de la ligne 16 au Bourget, un autre salarié d’Eiffage sur le chantier de la gare de Saint-Denis-Pleyel en janvier 2022. S’y ajoutent un stagiaire de 21 ans mort sur le chantier du RER Eole (qui ne dépend pas du Grand Paris) à Pantin en mai 2020. En tout, nos confrères de Basta ! ont recensé 4 morts et 10 accidents graves sur des chantiers liés au Grand Paris ou aux Jeux Olympiques. Un nouvel accident grave est survenu mi-mai. « Le compagnon va mieux et est rentré chez lui », indique à Reporterre la Société du Grand Paris.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Presque à chaque fois, les premières observations ont constaté une règle de sécurité non respectée ou un problème d’organisation. Les responsabilités précises doivent encore être déterminées. « La principale cause, c’est la pression », estime Étienne.

« Il y a une banalisation du risque »

Pour en gagner du temps, au quotidien, il a pu constater que…

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Auteur: Marie Astier Reporterre