Primaire populaire : « Des citoyens ordinaires contestent le monopole des partis »

Albert Ogien est sociologue, directeur de recherches émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et membre du Centre d’études des mouvements sociaux de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il a publié plusieurs livres sur la désobéissance civile et l’expérience de la démocratie avec la philosophe Sandra Laugier, dont Antidémocratie (La Découverte, 2017). Son dernier livre, Politique de l’activisme — Essai sur les mouvements citoyens, est paru aux Presses universitaires de France en 2021.

Albert Ogien. Coll. personnelle


La Primaire populaire est une initiative citoyenne, portée par l’association 2022 ou jamais, visant à désigner un candidat unique pour rassembler la gauche à l’élection présidentielle. Plus de 466 000 personnes se sont inscrites pour participer au vote en ligne. Il commence ce jeudi 27 janvier, et se terminera dimanche 30 janvier en fin d’après-midi.



Reporterre — Comment analysez-vous la création de la Primaire populaire, et notamment cette note d’intention : « Nous sommes trop nombreux et nombreuses à galérer à boucler nos fins de mois, il y a trop urgence sur le plan écologique » ?

Depuis les Gilets jaunes, la France vit dans un sentiment largement partagé de dégradation des conditions d’existence et de démantèlement des services publics, de l’hôpital, de la justice, de l’école, de l’université… Ce délabrement est une atteinte à l’esprit de la démocratie, car les services publics sont les garants de notre vie collective, ce que la pandémie a bien montré. La force de la Primaire populaire, c’est d’avoir fait des trois urgences sociale, écologique et démocratique l’enjeu fondamental de la présidentielle à venir, à travers un « Socle commun » de revendications susceptible d’emporter l’adhésion, et la victoire à la présidentielle.

Le succès exceptionnel de son appel à la mobilisation (467 000 inscrits sur la plate-forme) est une première en France. Elle a imposé la légitimité d’un mouvement citoyen autonome, qui vise à faire entendre la voix des sympathisants de gauche à égalité avec celle des partis dans la définition d’un programme politique. En cela, elle s’inscrit dans ce bouleversement des règles et des routines de la vie politique auquel on assiste un peu partout dans le monde.



À quels bouleversements, dans le monde, faites-vous allusion ?

Des Printemps arabes aux occupations de places à Madrid ou à New York, à Podemos, en Espagne, chaque fois, des citoyens…

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Auteur: Catherine Marin Reporterre