Prise dans les combats, la centrale de Tchernobyl est privée d'électricité

Black-out à Tchernobyl. La centrale ukrainienne accidentée et ses équipements de sécurité ne sont actuellement plus alimentés en électricité en raison de combats, a alerté mercredi 9 mars la Compagnie nationale de production d’énergie nucléaire d’Ukraine Energoatom dans un message sur l’application Telegram. Cette situation fait peser un risque majeur sur la sûreté nucléaire, alors que quelque 20 000 assemblages de combustibles nucléaires entreposés sur site dans des piscines ont besoin d’être constamment refroidis pour éviter l’accident.

Pour rappel, une fois extraits de la cuve du réacteur, les assemblages de combustibles usés continuent à dégager une forte chaleur pendant des années. Laquelle doit être absolument évacuée, pour éviter que les combustibles ne surchauffent, ne fondent et ne produisent un accident nucléaire. « [Ce refroidissement] n’est possible que s’il y a de l’électricité, explique l’énergéticien dans son message. Si ce n’est pas le cas, les pompes ne refroidiront pas. En conséquence, la température dans les bassins de rétention augmentera et des substances radioactives seront libérées dans l’environnement. »

Un tel accident serait une catastrophe pour les travailleurs présents sur place. « De plus, l’installation n’est pas ventilée. Tout le personnel là-bas recevrait une dose dangereuse de rayonnement », redoute-t-il. La catastrophe ne s’arrêterait pas aux frontières de la zone d’exclusion instaurée après l’accident de 1986 — plus communément appelée « zone interdite » : « Le vent peut transférer un nuage radioactif vers d’autres régions d’Ukraine, de Biélorussie, de Russie et d’Europe. »

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Le risque de rupture d’approvisionnement en électricité d’un site nucléaire à cause de la guerre inquiète des experts de l’énergie nucléaire. Interrogée par Reporterre, la directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) Karine Herviou a néanmoins relativisé le danger pour Tchernobyl : « Il reste là-bas quatre réacteurs de type RBMK, tous arrêtés, et quelque 20 000 assemblages de combustibles relativement froids entreposés dans des piscines. En cas de perte de refroidissement, l’eau mettrait beaucoup de temps à se réchauffer et ne dépasserait pas 60 °C, mais cela reste un enjeu local. »

« Nous ne connaissons pas précisément l’inventaire de ces piscines. Nous adoptons donc une posture…

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Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre