Prisonniers, mais pourtant mobiles ? Un discours en tension

Ces dernières années ont vu apparaître la volonté des pouvoirs publiques de rendre la prison de plus en plus « normale ». D’en faire une institution par laquelle l’individu enfermé pourra répondre à des attentes sociales d’autonomie et de mobilité dans une voeu pieu de réinsertion. À cette fin, la prison se devra d’être la plus « ouverte » possible. Depuis sa lecture critique de la « loi de principes concernant l’administration des établissements pénitentiaires ainsi que le statut juridique des détenus » du 12 janvier 2005, Christophe Mincke, docteur en droit et sociologue, relève une tension extraordinaire dans la volonté d’abolir la distinction entre la prison et la société libre. Se dirige-t-on vers une abolition de la prison ou, au contraire, vers une extension de ses modes de fonctionnements au-delà de ses murs ?

Cet article est extrait du 3e numéro de l’excellente revue belge La Brèche, « journal d’analyse critique du monde caréral, passeur des voix qui le peuplent ou qui y sont confrontées »

Depuis qu’elle est au centre de nos systèmes répressifs et de nos imaginaires pénaux, la prison a été investie des attentes les plus diverses et les plus contradictoires. On en a attendu la pure infliction d’une douleur punitive, l’amendement du détenu, la discipline des corps et des esprits, la dissuasion des citoyens libres, la simple neutralisation d’individus dangereux ou gênants, la mise à profit des corps contraints de travailler, la préparation d’une réinsertion sociale, la réhabilitation d’individus non conformes ou défaillants, etc. La plupart de ces fonctions, bien que difficilement compatibles dans les faits, ont cohabité dans les discours. Si bien que la prison est, depuis toujours, au centre d’un nœud de contradictions discursives (et pratiques).

Ces discours et attentes, de manière régulière, sont confrontés à des crises au cours desquelles leur vanité…

Auteur: lundimatin
La suite est à lire sur: lundi.am