Privée de gaz russe, l'Allemagne rétropédale sur le charbon

Énergie

Berlin (Allemagne), correspondance

Robert Habeck n’a pas le sourire. L’écologiste, entré au gouvernement en décembre dernier pour décarboner l’économie allemande, n’aurait jamais imaginé un jour prolonger la durée de vie de centrales à charbon. C’est pourtant ce qu’a annoncé le vice-chancelier dimanche 19 juin.

Alors que la Russie a baissé de 60 % ses livraisons de gaz à l’Allemagne, l’urgence est d’économiser cette énergie encore indispensable pour faire tourner l’industrie du pays et chauffer ses habitants. Pour refaire ses stocks de gaz avant l’hiver, Berlin entend donc le remplacer là où il est facilement remplaçable : dans la production d’électricité, où il représentait l’an dernier 15 % du mix outre-Rhin. Dans ce contexte, le charbon est vu comme un recours. « C’est amer, mais c’est indispensable pour diminuer notre consommation de gaz », affirme Robert Habeck, dont le projet de loi passera devant le Parlement le 8 juillet.

Aucune centrale de houille ou de lignite ne va cependant rouvrir. Cinq sites, qui devaient fermer leurs portes fin 2022 et fin 2023, vont rejoindre la « réserve de réseau », un dispositif qui permet à Berlin de faire face à d’éventuelles pénuries. « C’est un mécanisme de précaution », explique Andreas Rüdinger, chercheur associé à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

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La réserve compte actuellement dix centrales à charbon, qui ne fonctionnent qu’en cas de « menace sur l’approvisionnement ou la stabilité du réseau ». Elles doivent conserver suffisamment de combustible et de personnel pour pouvoir être réactivées en quelques jours, voire quelques heures. D’ordinaire, elles ne sont que rarement utilisées, lors de grandes vagues de froid par exemple. « Symboliquement, c’est une décision difficile, observe Andreas Rüdinger. D’un point de vue climatique, il faudra compenser la hausse des émissions de CO2. Mais la sortie du charbon en 2030 de l’Allemagne n’est pas remise en cause. » Le renforcement de la réserve est prévu pour être temporaire : les cinq sites supplémentaires devront fermer définitivement en 2024.

« Chaque kilowattheure compte »

Dans l’opposition, des voix s’élèvent pour dénoncer cette décision. La droite conservatrice réclame la prolongation des trois dernières centrales nucléaires du pays, qui ont l’avantage de ne pas émettre de dioxyde de…

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Auteur: Violette Bonnebas Reporterre