Prix de l'énergie : « Baisser notre consommation est la priorité des priorités »

Neil Makaroff est le responsable Europe du Réseau Action Climat (RAC) et le représentant français du Climate Action Network (CAN), une organisation internationale fédérant plus de 1 300 associations impliquées dans la lutte contre le changement climatique.

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Reporterre — À quoi est due la hausse actuelle des prix de l’énergie ?

Neil Makaroff — Cette hausse très sévère est notamment due à la hausse du prix du gaz. Depuis janvier, il a augmenté de plus de 170 % en Europe, pour plusieurs raisons. D’abord du fait de la reprise économique, avec un rebond de la demande en énergie à l’échelle mondiale, notamment en Asie et en Europe. La forte demande de gaz fossile pour redémarrer les centrales électriques accroît la tension sur le marché international.

Enssuite, le prix du gaz en Europe augmente pour deux raisons supplémentaires : la première est que nous dépendons beaucoup des importations de gaz, notamment russe. Il y a en ce moment des problèmes d’approvisionnement, peut-être pour des raisons politiques. Certains experts pensent que la Russie pourrait chercher par ce biais à exercer une pression sur l’Europe et sur la nouvelle coalition allemande afin qu’elle valide définitivement le projet de gazoduc Nord Stream 2.

Habituellement, nous avons plutôt de bons stocks de gaz afin de faire face à ce type de situation. Or, la capacité de stockage européenne a été fortement réduite ces derniers mois, en raison d’un hiver très froid et d’un été très chaud, qui a impliqué une hausse de la consommation d’électricité — et donc de gaz — entre autres pour faire fonctionner les climatiseurs dans le sud de l’Europe.

Par effet d’enchaînement, cette hausse du prix du gaz entraîne une hausse du prix de l’électricité et du chauffage. Car sur le marché européen de l’électricité, le prix est déterminé par l’unité de production la plus chère. Le prix élevé du gaz se répercute sur le prix de l’électricité dans toute l’Europe, même en France, qui dépend assez peu du gaz pour produire de l’électricité.



Peut-on s’attendre à ce que cette tendance se poursuive dans les années à venir ?

Environ 20 % de l’électricité européenne est issue du gaz fossile, notamment en Italie, en Europe centrale et en Europe orientale. Si l’on maintient cette dépendance au gaz fossile, il y a de fortes chances que l’on soit confronté à des crises similaires, voire pires à l’avenir. Ce risque est d’autant plus grand que l’on maintient, voire…

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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre