Prix du gaz et logement mal isolé, la double peine des précaires

Énergie

« J’allume le moins possible le chauffage ; pour dormir, je mets un gros pull et un plaid sur ma couette. » Mathieu a récemment vu augmenter la facture de gaz de son deux pièces : celle-ci est passée de 98 à 130 euros par mois. Une somme importante pour ce quadragénaire dont la seule source de revenus est l’Allocation aux adultes handicapés, qui aimerait louer un autre appartement au plus vite, le sien étant très mal isolé. « Même avec le chauffage à fond, l’hiver, il fait 17-18 °C chez moi. » Noëllie, comédienne dont la vie professionnelle a été durement chamboulée par la pandémie de Covid-19, est confrontée au même problème : propriétaire d’une maison dans les Cévennes depuis avril, elle a eu la « désagréable surprise » de découvrir une facture de gaz de 800 euros pour les mois de novembre et décembre, quand bien même l’intermittente se limite dans sa consommation. « Je regarde tous les jours avec angoisse mon compteur. Le tarif journalier va de 15 à 18 euros. »

Cette précarité énergétique a été renforcée ces derniers mois par l’explosion du prix du gaz en France. 12 millions de Français ont souffert du froid durant l’hiver 2021 pendant au moins 24 heures (soit 20 %, contre 14 % en 2020), d’après le médiateur national de l’énergie. Deux explications sont notamment avancées dans ce rapport : la mauvaise isolation des logements d’abord — 5 millions de nos concitoyens vivent dans des passoires thermiques —, mais aussi les difficultés financières. Ainsi, 36 % des personnes concernées par cette précarité énergétique ont limité leur consommation de chauffage faute de finances suffisantes. En outre, 25 % des Français (contre 18 % en 2020) ont « rencontré des difficultés pour payer certaines factures de gaz ou d’électricité »

90 % du gaz importé

Depuis janvier 2021, le tarif réglementé du gaz a en effet augmenté de 57 % en France selon la Commission de régulation de l’énergie, avec une hausse historique de 12,6 % au 1er octobre 2021. Une hausse des prix, ressentie partout en Europe et qui, par ricochet, augmente aussi le prix de l’électricité, déterminé par celui du gaz.

« L’Union européenne est structurellement dépendante des importations de gaz : 90 % du gaz qui y est utilisé est issu d’importations, notamment depuis la Russie, son principal fournisseur », explique Neil Makaroff, responsable Europe au Réseau Action Climat (RAC). Et d’évoquer des travaux sur le réseau russe du gaz…

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Auteur: Amélie Quentel Reporterre