Procès des militants antinucléaires : 8 ans de procédure pour rien ?

Nancy (Meurthe-et-Moselle), reportage

« La peine, c’est la procédure, ça fait huit ans qu’on la vit. Ce sont des procédures-bâillon. » Joints au téléphone la veille de leur audience par Reporterre, Joël, administrateur du réseau Sortir du nucléaire et Angélique, coordinatrice du groupe juridique, étaient unanimes.

Ils étaient trois, en tout, devant la cour d’appel de Nancy (54) jeudi 24 avril, jugés pour avoir participé à un attroupement en marge d’une manifestation, le 15 août 2017, contre le projet Cigeo. Elle avait réuni de 300 à 1 000 personnes près du site où l’Agence nationale de gestion des déchets nucléaires (Andra) prépare le site d’enfouissement de déchets nucléaires. Ce projet colossal vise à enterrer 85 000 m3 de déchets radioactifs à Bure dans la Meuse.

Alors que la défense a plaidé la relaxe totale, quatre mois d’emprisonnement avec sursis ont été requis. Le jugement sera rendu le 5 juin. Cette épopée judiciaire n’a fait que s’étioler mais ses conséquences sur les militants — épiés et entravés dans leurs mouvements pendant des années — n’en sont pas moins lourdes. Ouverte en juillet 2017, l’enquête pour association de malfaiteurs a rapidement pris une ampleur inégalée : l’État a dépensé plus de 1 million d’euros pour cette investigation, selon les calculs de Reporterre et Mediapart.

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Après huit années de procédure, les chefs d’inculpation invoqués en première instance à Bar-Le-Duc en juin 2021 se sont réduits comme peau de chagrin. Que reste-t-il de l’association de malfaiteurs, de la détention d’explosifs en bande organisée, de la dégradation, des vols en réunion et de la participation à une manifestation non déclarée ? L’attroupement après sommation, lors de cette manifestation de l’été 2017, marquée par une forte répression…

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Auteur: Amanda Jacquel