Procès du 13 novembre : « Frère de, cousin de »

Dans la salle de retransmission du procès du 13 novembre, au rez-de-chaussée du Palais de Justice de l’île de la cité, patientent les auditeurs libres. Installée sur les bancs de cette 23e chambre, l’une d’entre eux a déplié sur ses genoux un organigramme de la cellule des attentats de Paris, Saint-Denis et Bruxelles. On y lit, de haut en bas, les différentes strates de son organisation : Au sommet le Calife, en-dessous les dirigeants des OPEX, puis les responsables opérationnels, les commandos, les logisticiens et relégués en bas de page, les acteurs présumés du second cercle.

En tout, trente-huit hommes déployés depuis la Syrie et la Belgique vers la France. Trente-huit hommes dont dix-sept morts, cinq présumés morts et seize, encore vivants. Parmi ces derniers, quatorze siègent à quelques mètres de là. Belges pour la plupart, incarcérés depuis plus de 5 ans, ils ont été remis à la France par leur pays d’origine pour ce procès historique.

Il est bientôt 15H30, l’audience ne devrait pas tarder à reprendre. Sur l’écran de projection, l’image de la Cour d’Assises est affadie par la lumière du soleil qui inonde la 23e chambre. Les robes noires des avocats qui y circulent sortent grises, le box est rempli de silhouettes dont on ne sait dire si elles sont des accusés ou de leurs gardes. À la sonnerie, les magistrats vêtus de rouge apparaissent. S’installent à droite l’accusation, à gauche la défense. Nous sommes le 27 janvier 2022, 72e journée d’audience du procès des attentats du 13 novembre. Aujourd’hui devait comparaître Sophie Grégoire, juge d’instruction belge citée par la défense. Le magistrat, dans un dossier précédant, avait auditionné Khalid El Bakraoui l’un des responsables opérationnels des attentats de Paris, décédé lors des attentats kamikazes de Bruxelles en mars 2016. Khalid, étant un proche de certains accusés du box, le témoignage de Madame Grégoire aurait pu éclaircir leurs relations et apporter des éléments quant à l’implication éventuelle de ces derniers. Cependant, elle a fait savoir qu’elle ne se présenterait pas, préférant réserver la primeur de ses propos au procès parallèle qui se tiendra bientôt à Bruxelles. « Un bras d’honneur à la justice française », avait déclaré l’un des avocats de Yassine Atar, cousin du terroriste.

Sur son organigramme plié en deux, l’auditrice a marqué le nom de Yassine d’une petite croix. Au-dessous, elle a cerclé sa place dans l’organisation terroriste : « Acteur…

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Auteur: lundimatin