Progrès numérique pour certains, contrôle technologique pour les autres

La vie technologique que les multinationales fantasment pour nous

Vies sur abonnement, crédit conso ludifié, surveillance de luxe… Le numérique et ses technologies sont pensés pour des clients privilégiés. Et touchent durement le commun des utilisateurs.

Récemment se tenait un « sommet » organisé par Allianz Partners, un des plus gros assureurs et fournisseurs de services assurantiels du monde. Dans une ambiance feutrée dont ce genre de grand-messe a le secret, une jeune femme est montée sur scène – une actrice, censée incarner « Alice, la consommatrice du futur », venue partager sa vie en 2030. Une vie tout droit issue du département de recherche et de prospective de l’entreprise.

Voici la description que fait la directrice générale du groupe Sirma Boshnakova des attentes d’ « Alice » :

  • « La liberté de diriger sa vie comme bon lui semble, d’étudier et de travailler de n’importe où,
  • Un désir d’expérimenter, bien plus que de posséder,
  • Des services numériques simples présents dans chaque aspect de sa vie quotidienne, avec l’assurance toujours présente en arrière-plan,
  • La confiance comme valeur essentielle du lien entre marques et consommateurs.
  • Une ouverture bienveillante au partage de ses données et aux technologies prédictives, capables de lui épargner certains accidents de la vie. »

« Alice », venue du futur pour raconter sa vie et ses attentes aux cadres supérieurs d’un groupe mondial d’assurance

Un plongeon dans le futur que l’on nous prépare, et dont nous serions supposément demandeurs. Supposément, car le portrait dressé paraît bien plus proche des souhaits des cadres dirigeants présents que de la vie quotidienne de celles et ceux qui pourraient être amenés à utiliser leurs services.

L’usage du marketing veut que ce genre d’exercice de conviction repose sur un personnage « aspirationnel », autrement dit un portrait auquel on aurait envie de ressembler. Si l’image renvoyée dans le miroir qu’on nous tend est suffisamment flatteuse, nous serons d’autant plus convaincus de suivre la voie que l’on nous trace.

Alors, qui est vraiment Alice ?

Premier constat : l’hédonisme béat qui consisterait à vivre la vie comme une suite d’« expériences » qui ne prêteraient pas à conséquence est un privilège. Larguer les amarres de la « propriété », ne plus rien posséder, c’est l’adage des loueurs de vie qu’est devenue la ribambelle d’acteurs de la nouvelle économie. Le Forum économique mondial le promettait déjà en…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag