Prolonger les centrales nucléaires allemandes serait « techniquement irréalisable »

Décidément, la décision du gouvernement allemand de prolonger deux centrales nucléaires ne passe pas. Le plan présenté par le ministre écologiste de l’Économie, Robert Habeck, d’accorder un sursis de trois mois aux installations Isar 2 et Neckarwestheim 2, a été rejeté par… l’exploitant de la centrale Isar 2 lui-même. Dans une lettre adressée au ministère fédéral de l’Économie mardi 6 septembre, dont Der Spiegel a pris connaissance, le groupe PreussenElektra a qualifié cette décision de « pas techniquement réalisable » et « inappropriée pour garantir la contribution des installations à l’approvisionnement ».

Rembobinons. Les centrales d’Isar 2 en Bavière et de Neckarwestheim 2 dans le Bade-Wurtemberg, devaient être définitivement mises à l’arrêt à la fin de l’année, de même que celle d’Emsland en Basse-Saxe. Mais lundi 5 septembre, M. Habeck a annoncé leur maintien en veille jusqu’en avril 2023 — autrement dit leur remise en service au coup par coup en fonction des besoins du réseau électrique. Objectif, renforcer la sécurité d’approvisionnement de l’Allemagne voire de l’Europe cet hiver, sécurité fragilisée par l’arrêt des livraisons de gaz russe, la sécheresse et la faible disponibilité du parc nucléaire français. « Il est certes très improbable que le système électrique connaisse des situations de crise pendant quelques heures au cours de l’hiver, mais ça ne peut pas être totalement exclu actuellement », avait justifié le ministre dans un communiqué, en s’appuyant sur les résultats d’un « stress test » mené par les gestionnaires du réseau allemand d’électricité.

À noter que cette annonce a suivi l’accord de « solidarité » énergétique conclu le jour même entre le chancelier Olaf Scholz et Emmanuel Macron. La France s’est ainsi engagée à livrer du gaz à l’Allemagne, alors que cette dernière « se mettra en situation de produire davantage d’électricité » pour en exporter vers la France dans les situations de pic, a annoncé le président français à la presse.

Une procédure qui « n’est pas pratiquée »

L’argument de PreussenElektra est qu’il n’est pas possible de moduler la puissance d’une centrale nucléaire en fin de vie, et encore moins de l’éteindre et de la rallumer rapidement au gré des évolutions de la demande. Une telle procédure « n’est pas pratiquée, a ainsi écrit le patron du groupe Guido Knott au ministère. L’essai d’une procédure de redémarrage encore…

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Auteur: Émilie Massemin Reporterre