Promesse d'un avion vert et défense de la liberté : la stratégie du secteur aérien pour contrer toute régulation

Avion, automobile, agrobusiness, publicitaires… Le rouleau compresseur des lobbys a réussi à vider de toute substance le projet de loi censé donner suite à la Convention Citoyenne pour le Climat, mêlant accès privilégié aux décideurs, études biaisées, marketing vert, guerre des mots dans les médias et mobilisation de complices au cœur même de l’État. Deuxième volet d’une enquête sur la force de frappe déployée par les industriels pour tuer les propositions des « citoyens », à lire aussi sur notre Observatoire des multinationales. Lire le premier volet : comment les lobbys industriels ont saboté les réformes voulues par les citoyens de la Convention climat.

Supprimer les vols domestiques dont le trajet était réalisable en moins de 4 h de train : la mesure est l’un des symboles des ambitions de la Convention Citoyenne pour le Climat, elle est devenue celui de leur abandon. Dans le projet de loi présenté ce 10 février en conseil des ministres, la proposition se voit ainsi ramenée à seulement 2 heures et demie de voyage en train. Ce ne sont pas seulement 90 minutes qui ont été ainsi rabotées par le ministère de la Transition écologique et solidaire, c’est surtout la possibilité d’importantes économies d’émissions de gaz à effet de serre qui s’évanouit. Le secteur aérien en France a généré 23,4 millions de tonnes de CO2 en 2019, dont 20 % par le transport intérieur (Outre-mer compris).

Sur les 108 lignes intérieures que compte la France, avec la proposition initiale de 4 h, une trentaine aurait pu être concernée par le report modal ferroviaire. Abaissée à 2 h 30, la mesure ne concerne plus que cinq lignes, dont seulement trois (Paris-Bordeaux, Paris-Lyon, Paris-Nantes) parmi les 15 connexions les plus fréquentées. Ce n’est donc pas ce projet de loi qui changera profondément la donne : le Réseau Action Climat (RAC) a ainsi calculé que cette mesure amoindrie ne permettrait de réduire que de 6,6 % les émissions de CO2 issues des vols métropolitains. Pire, la mesure est encore en suspens : l’article 35 conclut que c’est le Conseil d’État qui fixera par décret, en dernier…

La suite est à lire sur: www.bastamag.net
Auteur: Barnabé Binctin