Prompt Armageddon : le troisième récit.

En 2010 The Economist faisait sa Une autour du concept de “Data Deluge”. Jamais en 13 ans le déluge ne cessa. Il irrigua chaque pan de nos vies, se déclina dans une ininterrompue litanie d’applications et de métriques, alimenta l’ensemble des politiques publiques, constitua la part émergée de certaines au travers de l’Open Data, fit le lit de tous les cauchemars de surveillance, constitua l’unique et inique horizon de tant de rêves de maîtrise et d’anticipation.

Tout fut “Data” : Data-journalisme, Data-visualisation, Data-gouvernance … Tant de données qui ne sont qu’autant “d’obtenues” comme l’expliquait Bruno Latour, expliquant aussi pourquoi refusant de voir qu’elles n’étaient que cela, nous en avons été si peu capables d’en obtenir autre chose que quelques oracles pour d’improbables ou opportuns cénacles.

Tant de données mais si peu de possibilités de les manipuler au sens étymologique du terme. Il leur manquait en vrai une interface à façon. Cette interface que ChatGPT a révélé en grand et en public, et donc au “grand public”. La plus simple parce que paradoxalement la plus insondablement complexe en termes de combinatoire pour elle qui n’est qu’une prédictibilité statistique. Rivés à l’affichage écran des scripts que renvoie ChatGPT comme devant un bandit manchot de casino, nous nourrissons la croyance probabiliste que quelque chose de vrai, de réfléchi ou de sincère puisse s’exprimer. Et nous voyons la langue s’agencer devant nous. Le plus souvent pour ne rien dire, mais en le disant bien. Le plus souvent pour ne faire que réécrire ce qui est lu ailleurs en le réagençant à peine, mais en l’agençant bien et sans jamais nous citer ces ailleurs où la combinatoire s’abreuve.

L’interface de la langue, du prompt, du script existait déjà dans les moteurs de recherche au travers des requêtes, y compris vocales. Mais elle ne construisait pas un écho de dialogue….

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Auteur: Olivier Ertzscheid Olivier Ertzscheid