Julien Rochette dirige le programme océan de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Il travaille notamment sur la gouvernance de la biodiversité au-delà des juridictions nationales.
Reporterre — Après deux semaines de négociations, les États membres des Nations unies (ONU) se sont séparés le 26 août sans parvenir à un accord pour protéger la haute mer. Quelle est votre réaction à cette nouvelle ?
Julien Rochette — Ce n’était pas totalement une surprise. D’un côté, nous observions depuis quelque temps une impulsion pour finaliser les négociations. Il y a eu le One Ocean Summit de Brest, qui a permis de créer une coalition de haute ambition regroupant un certain nombre d’États. La conférence des Nations unies sur les océans de Lisbonne, en juillet, a continué dans le même esprit constructif. Beaucoup de réunions informelles ont eu lieu pour préparer la cinquième session de négociation de ce traité.
Malgré tout, en voyant le brouillon proposé par la présidente de la conférence avant le début des négociations, nous avons vu qu’il restait encore beaucoup choses à négocier. Jusqu’au bout, le résultat a été très incertain. Il était difficile de savoir si les négociations seraient un succès ou non. Les délégations ont fait d’énormes progrès, mais il reste encore beaucoup de travail. Il aurait fallu quelques jours de plus. C’est d’ailleurs ce que les États ont demandé.
Comment expliquer cet échec ?
C’est un échec relatif, dans le sens où cette session [la cinquième depuis le début des négociations] a sans doute été la plus productive. Beaucoup de choses ont été actées. Il y a eu des progrès dans à peu près tous les éléments de l’accord. Au sujet des ressources génétiques marines, des études d’impact environnemental à réaliser avant de s’adonner à des activités en haute mer, des aires marines protégées, du renforcement des capacités des pays en développement, ou encore du transfert de technologies entre États, on a quand même eu des accords sur certaines dispositions. Certains articles ont été terminés.
Une grande partie du processus d’identification, de proposition et de consultation des aires marines protégées a par exemple été actée. Au sujet du renforcement des capacités des pays en voie de développement, la création d’un mécanisme d’échange d’informations a également été actée.
Il reste cependant certains intérêts divergents. Si le traité n’a pas été adopté, c’est…
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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre