Protéger la nature, ou soi-même ?

Guépards au parc de Lewa, Kenya, mars 2006 cc Kevin Walsh.

Expulsion forcée de populations autochtones ; abus, tortures, voire exécutions extrajudiciaires par des rangers ; intimidation des membres des communautés locales, mais aussi cooptation de populations pastorales au détriment d’autres et instrumentalisation de la vie politique et administrative locale… La Northern Rangelands Trust (NRT), géant de la conservation kenyane, est-elle, comme elle le prétend, un « agent au service de la paix » ou plutôt « un amplificateur de la violence » rampante dans les comtés du nord du Kenya ?

La publication, cet hiver, de deux rapports, l’un mené par l’ONG américaine Oakland Institute, l’autre commis par les chercheurs du Bonn Institute of Conflict Résolution (BICC) bat en brèche le storytelling de la NRT concernant sa politique de conservatoires communautaires chapeautés et développés depuis 1995 dans le nord et l’est du Kenya.

La NRT supervise aujourd’hui 43 zones protégées communautaires et non-étatiques qui couvrent 63 000 km2… soit près de 9 % du territoire kenyan. Son modèle est promu lors des grands rassemblements internationaux de protection de la nature, comme ce fût le cas lors du dernier congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) organisé en septembre 2021 à Marseille. Cet acteur majeur de la conservation privée en Afrique de l’Est est d’ailleurs soutenu par les principales agences d’aides au développement occidentales, aux côtés des fonds philanthropiques, des zoos et des organisations non gouvernementales (ONG) finançant les politiques de conservation, souvent via des partenariats public-privé, des biotopes du continent africain.

La NRT a été pensée par Ian Craig, descendant d’une célèbre famille de « cowboys blancs » du Kenya installée depuis plus d’un siècle dans la région, en contre-feu à celui, alors de plus en plus contesté, de « forteresse de la conservation » excluant les communautés. Les populations impliquées dans les programmes inclusifs de la NRT sont associées à ses programmes de protection et de défense de la faune locale et peuvent s’engager dans des économies durables axées sur la conservation, le tourisme, mais également la vente de leur bétail. La NRT, qui agit comme un intermédiaire auprès des conservancies (conservatoires communautaires), dirige leurs activités régaliennes (budget, sécurité, commerce). Le siège de l’organisation est implanté…

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Auteur: Jean-Christophe Servant