« Prouver qu’on peut juger les puissants pour leurs crimes »

Tran To Nga a eu plusieurs vies : enfant dans l’Indochine française, jeune combattante en tant que journaliste dans le sud du Vietnam en guerre, agente de liaison spéciale qui a connu la captivité et la torture, puis directrice d’école dans son pays et figure emblématique de l’humanitaire. Depuis dix ans, elle est aussi le visage d’un énième combat : celui contre quatorze firmes américaines qu’elle juge responsables de l’épandage de l’agent orange sur les forêts et la population vietnamiennes.


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Selon le rapport Stellman, publié en 2003, 80 millions de litres de l’herbicide ont été déversés entre 1964 et 1975, contaminant directement entre 2,1 et 4,8 millions de personnes. Tran To Nga se rêvait chimiste, mais elle s’est retrouvée en première ligne d’une guerre chimique qui ne s’est pas arrêtée à la fin de la guerre en 1975, puisque l’agent orange tue encore aujourd’hui. Consciente que cela dépasse sa personne, elle n’oublie jamais de disséminer quelques grammes de sagesse lors de ses prises de parole, persuadée qu’« on réveille la conscience humaine par le combat et la gentillesse ».

Vous êtes née en 1942 dans cette Indochine qui tentait de s’émanciper de l’emprise coloniale française. Vous écrivez dans votre autobiographie (1) que vous êtes « la fille du Mékong, du colonialisme et de la guerre, l’enfant d’une terre magique et empoisonnée ». Était-ce une évidence de vous engager dans ce qu’on appelle aujourd’hui la guerre du Vietnam ?

1

Ma terre empoisonnée. Vietnam, France, mes combats, Tran To Nga, avec Philippe Broussard, Stock, 2016.


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Auteur: Vanina Delmas