Vous lisez la partie 1 de notre enquête « La publicité à l’heure du défi climatique ». La suite sera publiée demain.
Guillaume a toujours attendu avec impatience le mois de juin et les Lions d’or, le « festival international de la créativité ». Cannes devient alors pendant quatre jours l’épicentre mondial de l’industrie de la publicité. Agences, grandes marques et régies viennent y conclure des contrats, soigner leur entregent et se montrer, dans des soirées chic, en boîtes de nuit, sur des yachts ou des plages privées.
« D’habitude, c’est un rendez-vous qui m’inspire, mais cette année, ça a été un énorme choc, confesse le trentenaire aux yeux clairs, dont l’épaisse barbe noire est parcourue de discrets poils blancs. Ce monde m’est apparu totalement déconnecté de la réalité. J’y ai vu la fin d’une civilisation. Tout me dégoûtait. »
« J’ai beaucoup de choses à expier »
La crise de conscience qui le secoue est brutale, depuis la naissance de sa fille, il y a deux ans. « Le jour, j’enchaîne les réunions avec des marques de luxe ou de voitures pour les aider à vendre leurs produits. Le soir, je la regarde et je ne peux pas m’empêcher de me dire “Qu’est-ce que je fais de ma vie ?” Ça me met dans une colère immense », dit-il.
Son métier, inventer des nouveaux formats de publicité en ligne toujours plus innovants, pour « arrêter le pouce » de l’internaute et capter son attention, grâce à beaucoup d’imagination et des techniques d’affichage dynamique. Depuis peu, il a stoppé net la cocaïne — « un énorme fléau dans le métier » — ainsi que l’alcool et le nihilisme qui l’imbibaient depuis une dizaine d’années. « Ma vie, c’était : “Je taffe, je teufe, je suis en gueule de bois et je recommence”. J’ai beaucoup de choses à expier. »
La gueule de bois que suscite leur métier, ils sont nombreux à l’endurer, d’après les témoignages recueillis par Reporterre. « Une fronde », un « point de bascule », « un moment de prise de conscience et de dissonance » : plus personne ne peut ignorer le mouvement de fond qui travaille l’industrie de l’intérieur. Les agences et les grandes marques commencent à éprouver des difficultés à recruter les meilleurs « créatifs » et commerciaux sortis d’écoles. Et les exemples de « talents » déjà en poste ayant préféré bifurquer se multiplient.
8 Français sur 10 irrités
Il faut dire que la publicité s’est retrouvée ces dernières années au centre du…
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Auteur: Erwan Manac’h Reporterre