(Une version courte de la première partie de cet article a été publiée dans Libération sous forme de « tribune » le 9 Juin 2021. Je la republie ici en version longue – et avec des liens – pour archivage et la complète avec deux derniers points « inédits »)
L’homme qui se vantait d’attraper les femmes par la chatte, l’homme qui avait refusé de reconnaître sa défaite et d’assurer la transition des pouvoirs après l’élection, l’homme qui avait soutenu et encouragé puis refusé de condamner l’invasion du Capitole, le 45ème président des Etats-Unis, Donald Trump avait été « banni » de Facebook le 7 Janvier 2021 pour une durée indéterminée. Il avait aussi été « banni » de Twitter mais cette fois à perpétuité.
Donald Trump avait été « déplateformisé« , privé de plateforme, il avait été « amégaphoni« , privé de l’audience et du porte-voix qu’elles apportent.
On s’interrogeait beaucoup sur ce qui serait le choix de Facebook et de Zuckerberg concernant la durée du bannissement de Trump. Elle est désormais connue : elle sera de 2 ans. Trump pourra faire son retour (« si les conditions le permettent« ) sur Facebook en 2023. Ce qui lui laissera le temps de revenir faire campagne dans la plateforme pour les primaires et les prochaines élections américaines de 2024 (si bien sûr il choisit de s’y présenter, option qui semble aujourd’hui n’être pas totalement exclue et même assez vraisemblable).
La situation, même hypothétique, dans laquelle Trump aurait tenté un nouveau mandat tout en étant privé d’accès à la plateforme qui réunit plus de la moitié de l’humanité connectée et près de 70% des américains aurait été simplement intenable au regard des (dés)équilibres médiatico-politiques actuels.
A l’occasion de cette annonce, Zuckerberg travaille à un changement assez radical dans sa manière d’envisager les règles encadrant l’expression de personnalités politiques élues sur sa plateforme.
Les « personnalités publiques » s’exposant désormais à une échelle de sanction ainsi hiérarchisées en cas – c’est précisé – de troubles à l’ordre public (« Civil Unrest« ) et de violences en cours (« Ongoing Violence« ) :
Trump écope donc du maximum sur l’échelle des sanctions mais échappe au bannissement permanent (« permanent removal« ).
On se souvient que de manière tout à fait stupéfiante, il avait jusqu’ici assumé et acté le fait que la parole politique, du seul fait qu’elle était énoncée par une personnalité élue, serait exemptée de toute vérification, fact-checking et autres avertissements contextuels….
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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid