Le 4 avril dernier l’écrivain François Bégaudeau comparaissait devant la 17ème chambre du tribunal de Paris. L’historienne Ludivine Bantigny l’accusait de « diffamation en raison de l’appartenance à un sexe ». En mai 2020, l’auteur avait en effet écrit : « Dans le milieu radical parisien, Ludivine est connue pour être jamais la dernière. Tous les auteurs de La Fabrique lui sont passés dessus, même Lagasnerie. » Comme tant d’hommes de gauche accusés de sexisme, il ne s’est à aucun moment excusé, ni auprès de Ludivine Bantigny sur le moment, ni à la barre. Il a plaidé l’« humour » (dont il est bien connu qu’en sont dépourvues les féministes), et même – circonstance atténuante ou mépris de classe ?– l’« humour beauf ». Qu’il joue le populisme en invoquant sa « trivialité » ou qu’il cherche, en revendiquant le dixième degré, la distinction intellectuelle, il s’est juste couvert de caca. Cette histoire tristement banale a au moins le mérite de rappeler le caractère inusable que semble toujours avoir l’insulte « pute » et c’est ce qui rend le livre de Dominique Lagorgette si passionnant : d’où vient cette insulte et à quoi sert-elle finalement ?
Il faut, en commençant ce livre, se tenir prête à parcourir plus de 200 pages d’insultes sexistes. Du vieux français jusqu’aux chansons contemporaines – la bonne vieille chanson française – en passant par les amateurs du Paris du XIXème siècle (ah l’inénarrable journaliste Alfred Delvau [1], c’est un déluge de haine contre les femmes que dévoile l’histoire des mots « Pute » et « Putain », et de tous les autres mots et expressions qui leur sont accolés.
L’histoire est instructive : l’insulte « sale pute » est au départ un pléonasme, puisque « dès le latin, le terme putidus peut renvoyer au concret, au « pourri, puant, fétide », (p. 37). Ce sens premier subsiste durant tout le…
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Auteur: Sylvie Tissot