Ce mercredi 24 mars, l’équipe de France de football affronte l’Ukraine sur la pelouse du stade de France. La bande à Kylian Mbappé, Hugo Lloris et Paul Pogba entame sa campagne qualificative pour la prochaine Coupe du monde, qui se disputera au Qatar en novembre et décembre 2022. Les Bleus tenteront de décrocher un deuxième titre consécutif, une performance rare. Mais l’enjeu sportif ne suffit pas à masquer le parfum de scandale qui plane sur la compétition : comme nous le montrions dans un premier article, le Mondial a été attribué sur fond de corruption présumée, des milliers d’ouvriers meurent sur les chantiers et les stades à ciel ouvert seront climatisés.
Dans un an et demi, les meilleurs footballeurs du monde seront les principaux acteurs de cette grand-messe du football mondialisé, qui se joue tous les quatre ans. Accepteront-ils de jouer sur « un immense cimetière », comme le qualifie auprès de Reporterre Nicolas Kssis-Martov, journaliste à So Foot et auteur du livre Terrains de jeux, terrains de luttes (Éditions de l’Atelier, 2020) ? Raphaël Varane, Presnel Kimpembe et consorts peuvent-ils faire quelque chose pour lutter contre un désastre humain et écologique ? Reporterre a posé la question à d’anciens footballeurs internationaux, à des auteurs et à des chercheurs.
Au fil des 467 pages de son ouvrage Une histoire populaire du football (La Découverte, 2018), le journaliste Mickaël Correia montre que le football est un puissant instrument d’émancipation. Il retrace comment, depuis plus d’un siècle, des acteurs de ce sport, dont des footballeuses et footballeurs, se sont levés contre des États, des systèmes de domination et des injustices.
Le « Mozart du football » contre l’Allemagne nazie
Mickaël Correia raconte notamment l’histoire de Matěj Šindelář, un footballeur austro-hongrois surnommé le « Mozart du football ». L’attaquant, très adroit devant le but — 600 buts en 703 matchs avec son club, le FK Austria Vienne — a refusé de se soumettre à l’Allemagne nazie.
Le footballeur Matěj Šindelář, à droite.
En 1938, après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, les dirigeants nazis ont décidé d’organiser une rencontre amicale entre l’Allemagne et l’Ostmark, le nom de l’ex-Autriche. « La rencontre devait se terminer par un 0-0 et incarner l’unité du Reich, précise Mickaël Correia à Reporterre. Mais Šindelář en a décidé autrement. Devant 60.000 supporters agitant des drapeaux à croix gammée, il a marqué un but et dansé…
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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre