À Réauville, petite commune de la Drôme, « on s’est réveillés un matin de 2016, les engins de déboisement étaient déjà là ». Une enquête publique a bien eu lieu et des avis – que personne ne lit – ont été placardés sur le panneau d’affichage de la mairie. La procédure a ainsi été respectée dans l’indifférence générale. Résultat, dix hectares de forêt volatilisés. Le maire de l’époque invoque la nécessité de trouver des revenus face à la baisse de la dotation générale de fonctionnement aux communes. Pour la mairie, les 40 000 euros de location annuelle proposés, pendant 40 ans, par la société Solaire Direct, rachetée en 2015 par Engie, sont évidemment bienvenus.
L’exemple de Réauville n’est pas isolé dans la Drôme. En 2018, un parc d’une dizaine d’hectares est inauguré à Salles-sous-Bois, petite commune rurale d’à peine 200 habitants. L’année suivante, c’est au tour de Chantemerle-les-Grignan d’être ciblée. Mais là, le projet est vraiment désastreux sur le plan écologique : il s’agit d’une zone boisée de huit hectares, éloignée des routes d’accès et d’un poste-source auquel raccorder la future installation. Devant la levée de boucliers suscitée par le déboisement, le maire renonce. Avertis par l’expérience, des collectifs de citoyens s’organisent désormais pour résister.
Plutôt des centrales photovoltaïques villageoises que des centrales solaires qui rasent les forêts
À Grignan, l’un des « plus beaux villages de France », un projet de parc photovoltaïque de huit hectares est dans les tuyaux depuis dix ans. La location des terres a été négociée entre l’opérateur Neoen et la commune à hauteur de 120 000 euros par an pendant 30 ans. Les citoyens s’en mêlent et s’opposent au maire, et ancien ministre sous Mitterrand, Bruno Durieux, pour qui « l’écologisme est une idéologie de combat dressée contre l’économie de marché »….
Auteur: Isabelle Bourboulon
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