Sept ans qu’Yvonnick dort avec un toit sur la tête. Mais avant ça, il a fait « quinze ans de rue », résume-t-il en se lissant la barbe. Une expérience que le quadragénaire met à profit ce jeudi soir de début décembre pour échanger avec celles et ceux qui débarquent à la porte du réfectoire du collège Saint-Vincent, au cœur d’Hendaye, dans les Pyrénées-Atlantiques. Vivant pour beaucoup à la rue, ils et elles viennent prendre un repas chaud servi par les adhérent es de On Egin (« Bon appétit », en basque).
Ce soir, Yvonnick va lui aussi manger ici, avec sa belle-fille de 12 ans. Mais pour l’heure, devenu adhérent de l’association, il accueille les arrivant
es. Yvonnick échange quelques blagues avec un ancien, fait patienter un autre venu trop tôt, calme une personne un peu éméchée, montre à un jeune où attacher ses chiens. « D’être passé dans la rue, ça m’aide pour leur parler… » explique-t-il.
Yvonnick, bénévole de l’association, a lui aussi connu la rue, pendant quinze ans. Il a aujourd’hui un toit.
©Mathieu Prat
À Hendaye, ville basque à la frontière entre l’Espagne et la France, On Egin existe depuis 2022. Pour la troisième année consécutive, les repas hebdomadaires ont démarré début novembre et se poursuivront jusqu’à la fin avril : six mois, 25 jeudis soirs, durant lesquels les plus pauvres de la ville peuvent venir sans condition se restaurer au chaud, en sécurité, et être servis par des bénévoles bienveillants. Pour accéder à la salle, il faut juste « être à jeun, ne pas fumer sous le préau et accepter de laisser les chiens dehors », résume Joël Courtie, 72 ans, président de l’association, qui n’emploie jamais les termes de « précaires », ou de « SDF » : « On les appelle “nos invités”, c’est très important pour nous », souligne-t-il.
Traiter les gens en invités
Des invité
es traité es comme tel les. Ce jeudi…Auteur: Emmanuel Riondé