Quand la ligne Xi Jinping passe la vitesse supérieure — Bruno GUIGUE

(Entretien avec INITIATIVE COMMUNISTE)

IC : La Chine est aujourd’hui au centre de tous les commentaires, mais aussi de tous les fantasmes. Comment expliquez-vous ce regain d’intérêt, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas très objectif ?

BG : Même si la presse occidentale brille par son inculture et sa partialité, cet intérêt pour la Chine est parfaitement justifié. Car l’événement majeur de notre époque, c’est la montée en puissance d’une formation sociale sui generis, aux dimensions hors normes, dont les caractéristiques défient les catégories habituelles de l’analyse. Non seulement la réussite chinoise a déjoué toutes les prévisions, mais si on prolonge les courbes, c’est encore plus saisissant : la Chine est déjà la première puissance économique mondiale en parité de pouvoir d’achat, mais d’ici dix ans elle sera sans doute aussi la première en PIB nominal.

IC : Mais cette réussite économique a son revers de la médaille, non ?

BG : Oui, bien sûr. Le changement de paradigme, dans les années 90, a soumis le peuple chinois à rude épreuve. Le choix de l’ouverture et de la réforme était un choix difficile, gros de contradictions, qui a déstabilisé une société façonnée depuis 1949 par l’idéologie maoïste. Mais la mutation de l’économie a bâti le socle industriel d’une croissance sans précédent. D’un peuple de paysans vivant à la campagne, elle a fait un peuple de salariés urbains. Grâce à la croissance, le cercle vertueux du développement a affecté l’ensemble de la société.

IC : Les salariés chinois en ont-ils bénéficié ?

BG : Avec des augmentations de salaires continues, le pouvoir d’achat s’est littéralement envolé. Depuis dix ans, le salaire minimum a enregistré des hausses considérables, qui se sont parfois élevées à 10 ou 20% par an. Le gouvernement fait en sorte que les gains de productivité soient redistribués en salaires, et comme le taux de croissance est élevé, le pouvoir d’achat progresse rapidement. En France, une augmentation annuelle de 22 % du SMIC relève de l’impensable. En Chine, non seulement cette augmentation est possible, mais elle a eu lieu en 2011. Au cours des vingt dernières années, le revenu brut par habitant a été multiplié par huit. Les grands indicateurs sociaux sont éloquents. En 2020, l’espérance de vie des Chinois a dépassé celle des Étasuniens. Aujourd’hui 95 % de la population chinoise bénéficie d’une assurance-maladie, quand 50 % de la population mondiale n’en a…

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Auteur: Bruno GUIGUE Le grand soir