Quand la Suisse accueillait les exilés… de la Commune de Paris

À l’instar de l’Angleterre et de la Belgique, la Suisse – en particulier la Suisse romande, pour sa proximité géographique, sa langue, mais aussi par la présence de l’Association internationale des travailleurs – a constitué une terre d’exil pour les communard·es recherché·es ou déjà condamné·es. Ou « communeux », pour reprendre l’ancien vocable utilisé par celles et ceux-là même qu’il désigne, comme l’écrivait l’historien Marc Vuilleumier, spécialiste de la question, décédé en janvier dernier.

Quelque 800, sur environ 6000 exilé·es, ont trouvé refuge dans notre pays, dont une majorité à Genève. Il s’agit d’un ordre de grandeur, la surveillance des étrangères et étrangers relevant alors des polices cantonales. La plupart des proscrit·es ont entre 20 et 40 ans et viennent de Paris, mais aussi d’autres villes qui ont connu des communes insurrectionnelles, comme Lyon et Marseille.

Parmi les figures les plus célèbres de la Commune résidant en Suisse, les journalistes Jules Vallès, Benoît Malon, Jules Guesde, Paul Brousse et Henri Rochefort – qui passera notamment par la Suisse après s’être évadé du bagne de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie –, Eugène Protot, délégué à la justice de la Commune, le peintre Gustave Courbet ou encore le géographe Elisée Reclus.

Des femmes, bien sûr, prendront le même chemin, même si leurs traces sont plus rares. À quelques exceptions près. Citons Virginie Barbet, écrivaine, féministe et militante anarchiste de Lyon, et Victorine Rouchy-Brocher, condamnée à mort pour l’incendie de la Cour des comptes, décrétée à tort morte pendant la Commune, et qui publiera, bien plus tard, ses Souvenirs d’une morte vivante.

« Souvent, elles n’ont ni visage ni prénom, ce sont les « femmes de », nous avons rarement des portraits », relève l’historienne Marianne Enckell, autrice notamment de notices pour le Maitron, le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social.

Le droit d’asile devient une manifestation de l’indépendance nationale

Dans Mes Cahiers rouges au temps de la Commune, le communard et ingénieur Maxime Vuillaume, qui participera plus tard au percement du tunnel du Gothard, s’interroge : « Comment partir. Comment quitter Paris, la France. Gagner la frontière. Quelle frontière ? Londres ? Bruxelles ? Genève ? Par où ? Avec quel passeport ? Nul ne peut voyager en chemin de fer, coucher à l’hôtel, marcher sur les routes sans passeport. »

Pour rejoindre Genève, le communard Gustave Lefrançais…

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Auteur: Christiane Pasteur (Le Courrier)