Quand le « nationalisme vaccinal » des pays riches entraîne une « famine vaccinale » dans les pays pauvres

11,6 millions de personnes ont reçu une première dose de vaccins contre le Covid-19 en France (au 16 avril), soit un peu plus de 17 % de la population. Si la campagne vaccinale peut sembler lente dans l’Hexagone, elle y reste bien plus rapide que dans un grand nombre de pays du Sud, surtout les plus pauvres. En Iran, qui a été l’un des premiers territoires atteints après la Chine, seulement 0,4 % des habitants ont été vaccinés. 1% de la population a reçu une première dose aux Philippines, 0,4 % en Irak, 0,5 % au Nigeria, moins de 0,1 % au Mali… « Bien que plus de 700 millions de doses de vaccin aient été administrées dans le monde, les pays riches en ont reçu plus de 87 %, et les pays à faible revenu seulement 0,2 %», constatait les Nations unies le 9 avril.

Dés l’été 2020, avant même que les premiers vaccins ne soient autorisés, les États-Unis, l’Europe, le Canada et le Royaume-Uni précommandaient déjà des centaines de millions de doses pour leur populations, laissant peu d’espoir à l’Afrique et aux pays pauvres d’Asie et du Moyen-Orient de pouvoir s’approvisionner à leur tour avant de long mois. Les pays à haut revenu ont aujourd’hui acquis plus de 4,6 milliards de doses de vaccins quand les pays les plus pauvres n’en ont que 770 millions. Ce qui ne suffira évidemment pas pour leur population puisque le continent africain compte à lui seul 1,3 milliard d’habitants. « Le marché mondial est divisé entre la politique du « nationalisme vaccinal » dans les pays riches et la « famine vaccinale » dans les autres pays », résume le chercheur Harris Gleckman dans une étude publiée en mars par les ONG des Amis de la terre et le Transnational Institute.

Des pays à revenus intermédiaires comme le Brésil et l’Inde s’approvisionnent en vaccins par leurs propres moyens, notamment parce qu’ils abritent une industrie pharmaceutique. Ils ont donc pu négocier des engagements de mise sur le marché en échange d’accords de fabrication avec des laboratoires ou des États exportant leur propre vaccin, comme le vaccin chinois largement administré au Brésil. L’Inde a distribué une première dose de vaccin à plus de 7 % de sa population (d’1,3 milliard d’habitants) tout en exportant une partie de sa production. Face à une nouvelle flambée de l’épidémie sur son territoire, le pays a suspendu fin mars les exportations d’AstraZeneca. Parmi les pays lésés : le Brésil, le Royaume-Uni, le Maroc. Ce dernier faisait pourtant figure de modèle en Afrique du Nord pour la rapidité…

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Auteur: Rachel Knaebel