Quand l'écologie entre en territoire spirituel

Les territoires ont le vent en poupe. En France, ils ont même un ministère à l’intitulé ronflant : le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Quel changement ! Jusque dans les années 1970, communes, départements, régions étaient des acteurs de second rang, rarement sollicités et dotés de maigres pouvoirs. Les voici désormais mis à toutes les sauces.

Qu’il s’agisse de ressusciter les lignes ferroviaires secondaires, de donner un coup de fouet à l’agriculture bio ou à une équipe locale de rugby, on ne jure plus que par les territoires. C’est encore plus vrai s’agissant d’écologie. Le concept d’« écologie des territoires » fleurit un peu partout — pas seulement en France — avec le risque de devenir un mot-valise, un fourre-tout pour politicien en quête de voix.

« Entrer en transition »

Il correspond pourtant à une nécessité, observe Agnès Sinaï, la fondatrice du groupe de réflexion Institut Momentum, dont la contribution se retrouve, à côté d’autres signataires, dans Écologie des territoires. À l’origine de l’ouvrage, deux cycles de conférences, conçus et animés par le philosophe de l’urbain, Thierry Paquot, pour « entrer en transition ». S’y sont côtoyés des architectes, des politiques, des philosophes, des urbanistes et cette diversité se retrouve dans les pages du livre. L’ouvrir c’est partir à l’aventure sur des chemins inattendus, rarement empruntés.

À partir de l’exemple du Grand Paris, Agnès Sinaï montre bien comment un territoire né de la richesse des immenses terres agricoles de l’Île-de-France est devenu vulnérable après avoir été longtemps autosuffisant sur le plan alimentaire. « Une défection des routiers, si le virus SARS-CoV-2 avait été plus létal, aurait abouti à priver les Franciliens de produits de première nécessité », écrit-elle.


« Vue de l’Île-de-France », peinte par Théodore Rousseau en 1830. Pour être précis, vue depuis Montmorency sur le lac d’Enghien.

Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’atténuer la dépendance alimentaire mais, au-delà, de « ménager les ressources, redimensionner les établissements humains (…), organiser la descente énergétique de l’ère post-fossile, instaurer des mobilités low-tech », et s’adapter aux évènements climatiques extrêmes. Face à un modèle obsolète, Agnès Sinaï en préconise un fondamentalement différent pour la « biorégion » Île-de-France. Si elle se contente d’en…

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Auteur: Jean-Pierre Tuquoi Reporterre