Quand les propriétaires de médias pèsent sur les élections

La mainmise que déploie actuellement Vincent Bolloré sur les médias pose un problème démocratique majeur, qui plus est lorsque cette domination se fait au service d’une idéologie ultraréactionnaire et en faveur d’un candidat d’extrême droite. Loin d’en être les seuls instigateurs, les médias de Bolloré ont concouru à cette droitisation extrême des débats en laissant la place à ceux qui caquetaient à longueur d’antenne qu’ils ne pouvaient « plus rien dire ». Mais rappelons que bien avant l’idylle Bolloré-Zemmour, d’autres histoires d’amour économico-politico-médiatiques se sont bâties avec des audiences autrement plus élevées, pesant de tout leur poids sur la vie démocratique et en particulier durant les élections.

De Hersant à Dassault

La séquestration de médias par des grands groupes privés relève de la routine capitaliste, et la pression qu’exerce « le pouvoir de l’argent » sur les journalistes est loin d’être une trouvaille du patron de Vivendi. En 1989 déjà, Franz-Olivier Giesbert, alors directeur de la rédaction du Figaro (propriété de Robert Hersant) expliquait : « Tout propriétaire a des droits sur son journal. D’une certaine manière, il a les pouvoirs. Vous me parlez de mon pouvoir, c’est une vaste rigolade. Il y a des vrais pouvoirs. Le vrai pouvoir stable, c’est celui du capital. Il est tout à fait normal que le pouvoir s’exerce. Ça se passe dans tous les journaux. Il n’y a pas un journal où cela ne se passe pas. »

À la tête d’un empire médiatique sans équivalent à l’époque (Le Figaro, France Soir, la presse quotidienne régionale comme La Voix du Nord, L’Est républicain, Midi Libre…, des hebdomadaires régionaux, ou encore TV Magazine), Robert Hersant, que l’on surnomme « Papivore » – en référence à son appétit vorace de rachat des journaux – est un authentique militant. S’adressant aux candidats de droite en 1986, il clarifie les missions de ses employés : « Mes journalistes sont à votre disposition. Pendant la campagne, demandez ce que vous voulez, ils le feront. Vous pourrez les appeler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. » Les gros sabots interventionnistes du patron du Figaro – collaborateur notoire durant la seconde guerre mondiale – ne s’arrêtent pas là : habité par cette mission de faire gagner la droite coûte que coûte, il témoigne que « certains mènent le bon combat à la tête de partis politiques, [et lui] à la direction d’importants moyens d’information »…

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Auteur: Mathias Reymond Acrimed