Quarante ans d’histoire du nationalisme corse

Un nouveau cap est franchi en 1983 avec un assassinat politique : celui du sous-préfet Massimi. Cette même année, le FLNC se structure, divise son organisation en six régions, crée sa vitrine légale et se présente aux élections. Mais il ne récolte que 5% des voix aux élections de 1984. Le mouvement s’apparente alors de plus en plus à une structure mafieuse, pratiquant le racket sur les commerçants, n’hésitant pas à faire sauter les boutiques des récalcitrants, et même à assassiner ceux qui se refusent à payer. La dérive du nationalisme corse l’amène à mêler ses intérêts à ceux du grand banditisme.

Après sa réélection en 1988 et la fin de la cohabitation, Mitterrand joue à nouveau la carte de l’apaisement après deux années d’escalade entre le FLNC et le ministre de l‘Intérieur Charles Pasqua. Une nouvelle loi d’amnistie de 1988 ne se révèle hélas pas très efficace pour faire baisser le niveau de violence sur l’île. Le FLNC est alors traversé par d’importantes scissions et l’affrontement de sections désormais rivales.

1998, année de l’assassinat du préfet Erignac, marque le pic de la tension entre la Corse et la République française, d’autant que la fuite de son meurtrier dure quatre longues années qui constituent un véritable feuilleton médiatique. Le terrorisme corse devient un enjeu de politique nationale pour le nouveau ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, nommé en 2002, et un magnifique prétexte pour jouer les durs à peu de frais.

La Corse semble aujourd’hui apaisée. Le FLNC s’est officiellement démilitarisé, juste avant qu’une coalition entre nationalistes et indépendantistes ne remporte les élections de l’Assemblée de Corse, avec une minorité de voix (35,34 % des voix au second tour). La trêve semble durable pour la première fois depuis plus de quarante ans, malgré des incidents sporadiques (un unique attentat à la bombe en 2020 contre une gendarmerie, sans victime ni véritable dégâts matériels, et quelques coups de feu tirés en l’air). Mais les émeutes démarrées en Irlande du Nord en mars dernier après seize ans de paix démontrent, près de chez nous, que la pacification dans un tel contexte, nécessite pour être durable un effort politique sur le très long terme.

● Une histoire du nationalisme corse (Hélène Constanty & Benjamin Adès), La Revue Dessinée / Dargaud, 216 pages, 22,50 euros

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Auteur: Blast info