Quartier libre, les Lentillères de Dijon veulent le rester !

Depuis 2010, des habitant·es de Dijon ont défendu, aménagé, fait vivre le quartier libre dit des Lentillères, menacé par un projet de bétonisation intitulé « écoquartier ». Sur ce territoire de 8 hectares, ils ont développé au fil des années une vie riche d’une grande sociabilité et d’une relation renouvelée au vivant au cœur de la ville. Fêtes populaires, création artistique, accueil de personnes exilées, ateliers, artisanat, écoconstruction, solidarités concrètes avec diverses luttes… le quartier s’est construit dans la joie du partage et de l’inventivité, en rupture avec l’atomisation capitaliste.

La pratique quotidienne de l’autogestion (longues assemblées, chantiers collectifs, marchés) a permis de créer une culture de la multiplicité, propice à l’émergence de communs. Environ 80 jardins potagers et champs de culture collective redonnent au vivant une place centrale, à l’écart de tout mercantilisme. Sur les anciens terrains bâtis et autour des jardins, divers habitats collectifs ou individuels ont vu le jour. Des maisons abandonnées depuis des années ont été rénovées, cabanes et caravanes ont pointé le bout de leur nez. Autant d’habitats réversibles questionnant une époque où l’on doit enfin cesser d’artificialiser.

Qu’ils et elles soient venu·es là pour porter une utopie politique, ou créer un refuge contre la précarité et la brutalité des politiques migratoires, les habitant·es et usagèr⋅es des Lentillères sont porteurs d’un désir de renouveau qui fait aujourd’hui la force de ce quartier. Leur résistance a fini par porter ses fruits : fin 2019, le maire de Dijon annonçait l’abandon du projet d’« écoquartier » en béton qui menaçait les lieux. Pour envisager la suite, les Lentillères proposaient alors à la mairie un nouvel outil juridique, la Zone d’écologies communale (ZEC), pour que ces formes de vie sobres et joyeuses trouvent leur place dans l’urbanisme. 

Décloisonner les relations entre les habitants et le vivant

 

La ZEC ouvre une bataille à la fois sur le terrain de l’imaginaire et sur celui du droit. Contrairement au Plan local d’urbanisme (PLU) — cet outil central de l’aménagement urbain qui divise le territoire en plusieurs zones spécifiques (d’un côté, la zone commerciale ; de l’autre, les habitations ; de l’autre encore, les « zones vertes »…) —, la ZEC affirme la richesse de l’entremêlement de divers usages en un même lieu. Son foisonnement d’activités autogérées décloisonne et…

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Auteur: Reporterre