Quartiers populaires et écologie, la difficile équation de Verdragon

Bagnolet (Seine-Saint-Denis), reportage

Un dimanche d’été 2021, la première Maison de l’écologie populaire ouvrait ses portes sur les hauteurs de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis. Son nom : Verdragon. Son ambition : devenir « l’avant-garde de l’écologie populaire en France ». Neuf mois ont passé depuis cette inauguration joyeuse. Recouvertes par la rosée matinale, les herbes folles ont bien grandi dans le petit jardin. La banderole accrochée sur la façade blanche a disparu. Une fois la porte d’entrée poussée apparaissent deux jeunes femmes, Syrine et Dalphée, qui animent au jour le jour Verdragon. Elles fourmillent de projets pour cette initiative née d’une coopération entre le mouvement écologiste citoyen Alternatiba et le syndicat de parents de quartiers populaires Front de mères.

Ensemble, et à l’aide de bénévoles, elles mettent en place divers ateliers. Sans rapport immédiat avec l’écologie : « On n’est pas ici juste pour faire pousser des plantes, dit Dalphée. L’idée est d’inciter les personnes éloignées des questions environnementales à s’y intéresser. Et pour ça, on les aide à s’épanouir et on les accompagne dans leurs soucis quotidiens, qui sont souvent un frein à l’engagement écologiste. »

Verdragon, la Maison de l’écologie populaire, sur les hauteurs de Bagnolet. © Emmanuel Clévenot / Reporterre

Lundi, 11 heures : Dalphée et Syrine, écrivaines publiques insoupçonnées

Un grincement de porte alerte Syrine. Un petit homme, au béret bleu pastel, vient d’entrer. Il porte un anneau à l’oreille droite et esquisse des présentations, d’une voix rauque marquée par un accent roumain. « Changement de propriétaire ? » interroge-t-il, sourcils froncés. Avant que l’association Verdragon ne s’empare des locaux au 14 rue de l’Épine prolongée, résidait dans ces mêmes lieux le centre socioculturel Guy Toffoletti.

Rien ne subsiste du lot de bureaux étroits qu’avait l’habitude de côtoyer l’homme, hormis la trace des cloisons au sol. Ils ont laissé place à une vaste salle, que Syrine traverse d’un pas pressé pour accueillir le premier venu : « Vous vouliez photocopier des documents ? Ne vous en faites pas, je peux quand même vous aider », le rassure-t-elle, comprenant le quiproquo. Chaque lundi, pour débuter la semaine, Verdragon propose une permanence d’écrivain public.

Syrine : « On met toutes les personnes qui se ressemblent dans les cités, à l’écart des autres et on les sépare de fait de la question…

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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre