Quatre ans après la Révolution du sourire, où en est la jeunesse algérienne ?

Le Hirak, terme qui signifie en arabe tout simplement « mouvement », est né en février 2019, quand à travers des manifestations régulières, d’une ampleur inédite dans le pays, les Algériens ont massivement rejeté l’idée d’un cinquième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, en poste depuis 1999 et pratiquement grabataire. 

Ce mouvement résilient, novateur, non violent et innovant, largement porté par les jeunes, usant de slogans humoristiques incisifs, ce qui lui a valu d’être surnommé « Révolution du sourire », a obtenu gain de cause puisque Bouteflika a renoncé à son projet et s’est retiré de la vie politique, avant de décéder en 2021.

Les protestataires n’ont pas souhaité s’arrêter là. Au-delà du seul cas de Bouteflika, ils aspiraient à une profonde démocratisation de l’Algérie et à un changement de génération à la tête du pays, exigence exprimée par le slogan « Yetnahaw ga3, qu’ils dégagent tous ».

Le mouvement a donc continué même après le départ de « Boutef » et l’élection en décembre 2019 d’un cacique du régime, Abdelmadjid Tebboune, alors âgé de 74 ans. En dépit de la répression et de l’épidémie de Covid, qui a permis au pouvoir de justifier l’interdiction des grands rassemblements, le Hirak est toujours vivant aujourd’hui, mais sous une forme différente de celle qui était la sienne à l’origine : les rues algériennes sont restées vides en ce quatrième anniversaire.

L’évolution du Hirak

Début 2020, les mesures visant à endiguer la pandémie ont contraint les manifestants à observer une trêve dans la rue. Le Hirak a alors mué en une sorte de « e-Révolution », l’essentiel de la contestation se déployant désormais en ligne.

Mais le pouvoir n’a pas tardé à réagir, se dotant de différents textes de loi permettant d’interpeller des individus pour des propos tenus sur les réseaux sociaux. Plus généralement, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), des centaines de personnes ont été inquiétées depuis le début du Hirak : hommes, femmes, figures connues et inconnues, journalistes, personnel politique, étudiants, chômeurs, salariés, chefs d’entreprise…

Dès lors, devant ce risque diffus, une autocensure s’est instaurée. Le mur de la peur semble être de nouveau retombé sur…

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Auteur: Nacima Ourahmoune, Professeur / Chercheur/ Consultant en marketing et sociologie de la consommation, Kedge Business School