Que fait la police ?

Chiffres à l’appui, Paul Rocher réfute les fondements du « mythe policier » : contrairement aux idées reçues, donc, la police n’empêche pas le crime et son emprise croissante sur la société est avant tout motivée par « la réorganisation autoritaire du pays et le maintien d’un ordre inégalitaire ». Non content de contester les propositions de rénovation de l’institution policière et sa nécessité même, il propose des voies possibles pour s’en passer, s’inspirant des exemples sud-africains et nord-irlandais.


L’argument du manque de moyens, s’il admet le problème des violences policières (en éclipsant toutefois les victimes), ne résiste pas à l’épreuve des faits : l’augmentation des dépenses est constante (+35% entre 1995 et 2019), tout comme celle des effectifs (+30% en 30 ans). « Par rapport à sa population, la France dispose aujourd’hui de plus de policiers qu’un État autoritaire comme la République démocratique d’Allemagne (RDA) en 1962. » Toutefois, les effectifs des forces spécialisées dans le maintien de l’ordre, les CRS, ont réellement diminué, tandis que le recours aux moyens techniques a considérablement augmenté (multiplication par 72 du nombre de tirs de balles en caoutchouc entre 2009 et 2018). Les dépenses en équipement ont quasiment triplé entre 2012 et 2016. Or, la disponibilité d’une arme dite non létale, augmente la probabilité de son utilisation, produisant la brutalisation du maintien de l’ordre. Les résultats des enquêtes montrent comment les algorithmes de la police prédictive ont un « effet performatif » et confortent une « réalité raciale ». De la même façon, le nombre des agents de police municipale a plus que triplé entre 1990 et 2020, en même temps que leur armement et leurs compétences ont été graduellement élargis, tout comme ceux des entreprises de sécurité privée, en plein essor, renforçant encore l’emprise policière de la France néolibérale. La population de son côté est fortement incitée à surveiller, suspecter et dénoncer. Ce panorama est rigoureusement documenté.

« Loin de subir une paupérisation, la police n’a jamais été aussi bien dotée. Conséquemment, jamais l’encadrement policiers de la vie quotidienne n’a été aussi prégnant. » Paul Rocher explique et démontre de la même façon que la police est « totalement surdimensionnée », mettant à mal le mythe selon lequel elle ne ferait que suivre l’évolution de la criminalité. Il rappelle la mise en place des enquêtes…

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Auteur: lundimatin