« Que ferons-nous quand la nourriture manquera ? »

Patrick Dupriez est président d’Etopia, centre de recherche et d’animation en écologie politique basé à Bruxelles. Il a en outre été président du Parlement de Wallonie et député vert spécialisé dans les questions agricoles.


Nathalie, c’est ma boussole vers la terre. À la ferme dans laquelle j’achète le beurre et les légumes qu’elle produit, je prends plaisir à l’écouter parler de son travail et à apprendre de ses humeurs maraîchères.

Il y a peu, elle me parlait du gel qui vient de détruire la floraison précoce du noyer et des groseilliers, de la pluie ininterrompue ces derniers mois, qui a détrempé les sols, retardant semis et plantations, et puis des variétés de pommes de terre germées que cette météo prolongée rend indisponibles. Inquiète, cette conversation singulière a résonné pour moi avec quelques nouvelles alarmantes du monde à propos de l’approvisionnement alimentaire…

Dans de nombreux pays hors d’Europe, déjà, le dérèglement climatique exacerbe les famines. Selon l’association Oxfam, la population en situation d’insécurité alimentaire aiguë a plus que doublé dans les pays parmi les plus exposés aux risques climatiques : 48 millions de personnes la subiraient aujourd’hui, contre 21 millions il y a six ans.

En Europe, nous sommes pour la plupart préservés de la faim, mais des articles de journaux pointent depuis peu les risques proches de pénurie à cause de conditions météorologiques exceptionnelles. En Grande-Bretagne, le Guardian, notamment, révélait que les précipitations incessantes de ces derniers mois avaient empêché les semis de légumes et de céréales. Les conditions climatiques auraient également été inadéquates pour la mise en prairie des bovins et ovins, et les pertes d’agneaux seraient particulièrement élevées.

En Irlande, la menace sérieuse sur l’approvisionnement en pommes de terre réveille des mémoires historiques douloureuses, que rappelle la…

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