Enfin, et là est mon malaise diffus, UFC-Que Choisir m’apparaît en filigrane comme une organisation de petits malins s’adressant aux petits malins abonnés. Il y a un discours implicite qui pousse à l’individualisme, à l’égoïsme : « Je ne me fais pas avoir, moi, je suis malin, moi, je profite, moi ».
Que Choisir, c’est un peu l’indic qui vous signale (à vous, pas au peuple au JT de 20 heures, pas par un mégaphone à la populace non triée dans la rue) à quelle heure et en quel endroit va se lever le rideau métallique derrière lequel sont les soldes. C’est Paulo-les-bons-tuyaux qui connaît le cheval gagnant et qui t’affranchit moyennant une petite commission.
Que Choisir, c’est : « Ne passez pas votre temps en réunions politiques ou syndicales, en manifestations, trouvez avec nous la solution magique, n’achetez rien sans avoir étudié le produit. Si les autres se font avoir, pas vous ».
Bref, vous, vous êtes abonnés à Que Choisir et vous comparez les moulinettes DuShmoll, Trucmuche, Hachemenu pour un éventuel achat possible, hypothétique et éventuel, le cas échéant (va savoir !) l’année prochaine. Et idem pour les matelas (vous ricanez en catimini quand votre voisin vous parle de son mal au dos). Pareil pour les jus de fruits (vous : « Pas un gaz, pas un renvoi ! »). Et qui-c’est-ty qu’a les fesses bien roses, sans érythèmes, avec la couche Pasd’fuite ? « C’est pas le mioche de ma belle-sœur, espère ». Et la batterie auto ? Celle qui ne fait pas teuf-floutch-couic au premier hiver ? Et le champagne dont un jury de professionnels (sommeliers, cavistes, œnologues…) a compté en aveugle lequel a le plus de bulles ? ».
Que Choisir nous plonge dans l’obsession des petites économies et dans la peur de faire un achat en simple dilettante, néophyte, français moyen. En client.
On pourrait lui reprocher de ne pas lâcher gratuitement ses conseils. Vous les appelez parce qu’il pleut dans votre studio à 800 euros/mois, ils commencent par vous demander de leur donner de l’argent, sans même que vous sachiez si leur produit va être bon.
Bref, tout ça me gênait, mais je ne concluais pas à la nocivité de cette association, au moins crédible pour des conseils. Car, en dépit de leur flatterie à ce que les humains ont de moins bon (l’égoïsme, le chacun pour soi, l’esprit de débrouille individuelle), j’étais un peu épaté par son indépendance et son professionnalisme. Mon ressenti confus, mon goût du « Tous ensemble ! » étaient contrebalancés par…
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Auteur: Maxime VIVAS Le grand soir