Queer influence : le management de l'innocence

Entrons dans la matrice de la queer influence. Le pinkwashing n’étant plus seulement l’apanage des gays cis et des grandes marques de luxe, s’est répandu à une grande vitesse par l’intermédiaire des réseaux sociaux, puis s’est délicatement logé dans les contenus et formes des discours de la multitude influenceuse LGBTQI+. Entre produits à vendre et partages de techniques de développement personnel, cette influence queer est à comprendre comme un élément supplémentaire de la contre-insurrection du capital face à la dissidence sexuelle.

Cet excellent article est issu de l’excellente revue de la dissidence sexuelle : trou noir.

Comment ne pas glisser à devenir les managers des âmes dans un contexte social qui en requiert l’office ? Le plus corrupteur des conforts est le confort intellectuel, comme la pire corruption est celle du meilleur.

J. Lacan, Écrits, 1955.

À ces multitudes, qui n’étaient pas encore dans les matrices de l’humanité, mais pouvaient assurément y être engendrées, il donnerait le mot : Homme et Femme, de vous procède la nation à venir, l’éclair de vos masses en travail : l’ordre de la concurrence est employé contre lui-même ; les aristocraties sont supplantées ; et, au milieu de la paralysie générale d’une société démente, la volonté des confédérés se manifeste dans l’action.

J. Joyce, Portrait de l’artiste.

Que reste-t-il de l’héritage queer et trans-féministe, depuis le site toujours mouvant de la dissidence, de tout ce courant épistémopolitique maintenant dévitalisé au profit du « féminisme/queer d’influence », présenté comme lieu et enjeu de l’égalité au travail et des problèmes de violence ? Davantage les politiques de l’identité, dont l’échec est à présent acté par celles et ceux qui les promouvaient il y a peu encore, apparaissent comme compatibles avec le régime néolibéral. La présentation cynique d’une soirée podcast de La Poudre, indique dès la première phrase toute grossière un écrasement des luttes micropolitiques et une destruction des mémoires et des archives collectives au profit de quelques individualités élevées au rang de starlettes militantes :

« Les féminismes contemporains ne seraient pas grand-chose sans les réseaux sociaux. Instagram, Twitter, Tik Tok, sont les vecteurs de nos luttes et de nos idées depuis plusieurs années, servant de support au mouvement #metoo depuis presque 5 ans. Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? Quels sont les enjeux de cette influence qui…

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Auteur: lundimatin