Quel ordre international ? — Thierry MEYSSAN

Pour répondre à cette question, je m’appuierais sur mon expérience successive de conseiller de cinq chefs d’État. Partout, les diplomates russes m’ont dit : vous faites fausse route : vous vous engagez à éteindre un incendie ici, alors qu’un autre a débuté ailleurs. Le problème est plus profond et vaste.

Je voudrais donc vous décrire la différence entre un Ordre mondial fondé sur des règles et un autre basé sur le Droit international. Il ne s’agit pas d’une histoire linéaire, mais d’un combat entre deux conceptions du monde ; un combat qu’il nous appartient de poursuivre.

Au XVIIe siècle, les Traités de Westphalie ont posé le principe de la souveraineté des États. Chacun est égal aux autres et nul ne peut s’ingérer dans les affaires intérieures des autres. Ce sont ces Traités qui ont régi, durant des siècles, aussi bien les relations entre les actuels Länders que celles entre les États européens. Ils ont été réaffirmés par le Congrès de Vienne, en 1815, lors de la défaite de Napoléon Ier.

À la veille de la Première Guerre mondiale, le Tsar Nicolas II convoqua deux Conférences internationales de la Paix (1899 et 1907), à La Haye, afin de « rechercher des moyens les plus efficaces d’assurer à tous les peuples les bienfaits d’une paix réelle et durable ». Il les prépara avec le pape Benoît XV sur la base du droit canon et non pas sur le droit du plus fort. 27 États en signèrent les travaux finaux, après deux mois de délibérations. Le président du Parti [républicain] radical français, Léon Bourgeois, y présenta sa réflexion1 sur la dépendance réciproque des États et sur l’intérêt qu’ils ont à s’unir malgré leurs rivalités.

Sous l’impulsion de Léon Bourgeois, la Conférence créa une Cour internationale d’arbitrage chargée de régler des conflits par la voie juridique plutôt que par la guerre. Selon Bourgeois, les États n’accepteront de désarmer que lorsqu’ils…

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Auteur: Thierry MEYSSAN