Quelle réconciliation en Côte d'Ivoire ?

Le 4 février dernier, le premier ministre ivoirien, M. Patrick Achi, a mis fin à la cinquième réunion bipartite consacrée à la réconciliation nationale. Les violences consécutives au scrutin présidentiel opposant MM. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara en 2010-2011 avaient pris fin à la suite d’une intervention militaire de la France sur mandat des Nations unies et par l’intronisation de M. Ouattara. Dix ans après, le pays peine à se raccommoder en profondeur. Les recommandations de M. Achi ont reçu l’appui des chancelleries occidentales, notamment française et américaine. Mais le noyau dur du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir, n’entend pas céder un pouce de son monopole à tous les niveaux de l’État et de l’économie. Dans quel sens tranchera le président au pouvoir depuis dix ans ?

Lire aussi Vladimir Cagnolari, « Croissance sans réconciliation en Côte d’Ivoire », Le Monde diplomatique, octobre 2015.

Dix ans, c’est à la fois long et bref pour une réconciliation entre camps qui se sont entre-déchirés, voire massacrés. Mot-valise et slogan politique s’il en est, la « réconciliation » à l’ivoirienne a pourtant un ministre, M. Kouadio Bertin, quelques réalisations concrètes… et des béances.

« La paix n’est pas un mot, mais un comportement », clamait Félix Houphouët Boigny (1905-1993), le père de l’indépendance nationale, une formule qu’il n’a pas toujours respectée, si l’on se souvient que la répression de l’opposition politique du Sanwi ou du Guébié (en pays bété) a fait plus de 3 000 morts en 1970.

Combien de victimes la guerre civile de 2002 à 2011 — qui a opposé le régime du président Gbagbo à la rébellion armée menée par Guillaume Soro au profit de M. Ouattara — a-t-elle provoqué ? Officiellement, on évoque couramment les « 3000 morts de la crise post-électorale ». Mais selon la Commission dialogue, vérité, et réconciliation (2011-2014) dirigée par l’ancien premier ministre Charles Konan Banny, leur nombre s’élèverait en réalité à 8 500. En aparté, les membres de cette commission se prononcent plutôt pour le double — ce que corroborent les recherches menées avec les associations, notamment Amnesty International France, sous la houlette de Gaëtan Mootoo.

C’est ce passé qui ne passe pas, et le deuil jamais réalisé par les familles qui constitue le véritable non dit de la réconciliation. La peur…

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Auteur: Michel Galy