Quelques pistes, à prendre ou à laisser

I

Dans une célèbre nouvelle, Asimov met en scène un désert sur Mercure. Dans ce désert existe une station spatiale dont l’existence dépend du Sélénium, minerai qui permet son refroidissement et une vie humaine. Deux ingénieurs, Donovan et Powell, habitent seuls la station à des fins scientifiques et sont accompagnés de robots pour leurs missions extérieurs, dont Speedy qui est mandaté pour récupérer le Sélénium des mines à quelques kilomètres de la station. Pourtant, très vite Donovan et Powell réalisent que Speedy n’arrive pas à mener à bien sa mission, pire que ça, il ne cesse de tournoyer autour d’une mine et ce de manière indéfinie. Pourtant les robots obéissent à trois lois simples : 1. ils ne peuvent pas porter atteinte à un humain 2. ils doivent obéir aux humains sauf si cela contredit (1) et doivent se protéger eux-mêmes sauf si cela contrevient à (1). Que se passe-t-il se demande les ingénieurs ? Contraints d’aller à sa recherche ils se rendent compte que Speedy plutôt que d’obéir à l’ordre donné est pris d’un délire expressif, il ne cesse de courir autour du trou noir de la mine, de chanter et de danser. On comprend au fur et à mesure de la lecture que l’ordre des ingénieurs prend Speedy dans un étau de contradictions, dans des situations de doubles contraintes irréalisables. En effet, plus il approche de la mine plus le danger se fait grand pour lui, il est alors contraint d’obéir à la troisième loi, pourtant une fois avoir obéi à la troisième loi, Speedy se voit contraint d’obéir la deuxième loi. Et ainsi de suite, jusqu’à créer un délire. Il en devient incapable de s’orienter, de répondre à quoi que ce soit. Dans le récit d’Asimov il apparaît que cet entre-deux étouffant est un problème de trop grand équilibre entre deux équivalences dont l’obéissance même provoque la non-réalisation. Pour les ingénieurs il faut alors « mettre de l’ordre là dedans ». Pour résoudre la situation, la ramener à la normale il faudra produire une situation d’ordre dont l’importance sera supérieure aux deux autres (en référence à l’axiomatique de base des robots chez Asimov). Il y a un pyramidalisation nécessaire des énoncés dans le « système fermé » de la robotique et ce ici sous peine d’effondrement psychique.

L’école de Palo Alto en psychologie, très influencée par la cybernétique théorisera une telle situation sous le nom de double-bind ou de double-contrainte. Dans le cas de l’école de Palo Alto, dont Bateson est…

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Auteur: lundimatin