Quelques remarques sur l'art renouvelable de la récupération — Jaime SEMPRUN

« Mais ce qui est excellent non seulement ne peut échapper au destin d’être ainsi dévitalisé et déspiritualisé, d’être dépouillé et de voir sa peau portée par un savoir sans vie et plein de vanité ; il doit encore reconnaître dans ce destin même la puissance que ce qui est excellent exerce sur les âmes, sinon sur les esprits ; il faut y reconnaître le perfectionnement vers l’universalité, et la déterminabilité de la forme, en quoi consiste son excellence, et qui rend seulement possible l’utilisation de cette universalité d’une façon superficielle. »

Hegel, Phénoménologie de l’Esprit (préface).

S’il est une lecture plus propre à persuader de l’inéluctable effondrement de cette société que celle des très nombreux ouvrages en exposant les diverses tares, c’est bien celle de ceux, plus nombreux encore, qui s’avisent d’y proposer quelque remède. Ma supériorité évidente, dont le lecteur appréciera bien vite tous les avantages, est de ne présenter aucune solution : j’attaque le problème, en la personne de ceux qui s’efforcent désespérément d’en maquiller l’énoncé. Comme au couteau : de bas en haut, des tâcherons de l’extrémisme confusionnel à la relève de la pensée d’État. Et qu’on ne me parle pas d’amalgame, on me fera plaisir : l’aspect le plus ingrat de ma tâche fut certainement bien au contraire d’établir les distinctions nécessaires dans ce magma informe, où les nuances de pensée sont si difficiles à cerner que personne jusqu’à ce jour, parmi les mieux intentionnés des exégètes, n’a jamais pu établir ce qui différenciait, rapprochait ou opposait « l’économie libidinale » de l’un et les « machines désirantes » des autres, par exemple ; ou encore les multiples idéologies autogestionnistes en circulation. Il est vrai qu’il suffisait, encore une fois, de ne pas croire sur parole ce que les idéologues disent de leurs marchandises. Une bonne…

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Auteur: Jaime SEMPRUN