« Qu'est-ce que l'État ? »

Nos confrères qui animent le site de la bibliothèque Fahrenheit nous ont transmis cette fiche de lecture sur l’ouvrage Qu’est-ce que l’État ? d’Agustín García Calvo (1926-2012). Nous avions déjà publié quelques textes de ce philologue, poète et essayiste espagnol (L’Utopie véritable ou Le verbe se fit chair, Des arbres et des hommes) ainsi qu’un entretien (Contre le Temps et le Pouvoir). Dans cet essai, il revient sur la naissance de l’État, ses caractéristiques et son alliance avec la science comme système de justification du pouvoir.

« Lorsque que s’invente et s’établit une idée comme celle d’État, qui réussit à confondre avec le plus grand succès les notions contraires de “peuple“ et de “Gouvernement“, il se constitue ainsi l’arme la plus puissante (qui est, comme on le voit, la plus métaphysique) pour enfermer le peuple dans la confusion et l’identification avec son Gouvernement et pour empêcher n’importe quel sentiment clair d’opposition et n’importe quelle intention d’en secouer le joug. »

Agustín García Calvo (1926-2012), philologue et poète espagnol, convoque l’idée « État », « idée mensongère et réelle », pour en explorer les contradictions, les ambiguïtés dissimulées.

Tandis qu’avec la notion de Patrie « l’amour de la terre se confondait avec le service des Seigneurs », celle d’« État » consolide et masque ce procédé de confusion et d’intégration. « L’État est la culmination logique, historique et naturelle, de l’idée d’État », fusionnant le Pouvoir et le peuple, « faisant du gouvernement et des gouvernés une seule et même chose » : « La Démocratie, que ce soit par la tromperie de la représentation et des élections de la voix du peuple, ou par la dictature des opprimés et dominés, réalise historiquement le mensonge que renferme la construction même de son vocable. »

« Il n’y a pas de Pouvoir sans nécessité de justification et, donc, comme disent les politiciens, d’idéologie, d’autant plus efficace et puissante qu’elle est plus abstraite et métaphysique, et par conséquent plus difficile à dénoncer et plus facilement dissimulable aux yeux du peuple, jusqu’à atteindre le comble de la réussite, quand il n’est plus nécessaire d’énoncer l’idée puisqu’elle est déjà ce que tout le monde sait. Et l’on peut ainsi dire à juste titre que la justification ou les idées dominantes, c’est-à-dire le mensonge, sont les fondements de la réalité politique (qui est la réalité humaine) et qu’elles en sont la force. Mais elles en sont aussi la faiblesse. » La…

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Auteur: lundimatin