Deux courants s’opposent, nous serions même tentés de dire deux camps, au vu de la violence de l’affrontement. Pourtant on y retrouve des intellectuels d’horizon très divers, dont les interprétations sont elles-mêmes très diverses, et qui ne se rejoindraient probablement pas sur d’autres sujets. Il y a un effet de cristallisation, que nous nous proposons ici d’éclaircir.
D’un côté, des intellectuels qui, sans faire preuve d’aucune complaisance à l’égard du terrorisme aveugle, cherchent, à partir d’un éclairage des circonstances de ces attentats, d’interpréter les événements, dans le but non de les relativiser, d’en diluer l’horreur dans un discours sur les pratiques politiques violentes des Etats-Unis et plus généralement occidentales, mais afin de déterminer leur signification historique, c’est-à-dire le contexte large qui peut expliquer leur éclatement si soudain. Leur longue préparation, la continuité dans les actions terroristes de Ben Laden, le déchaînement des passions que les événements ont déclenché doivent nous donner à penser.
De l’autre côté, des penseurs, écrivains, artistes qui mettent en avant le caractère absolu de l’événement, et qui de ce fait le rapportent, ainsi que les opérations militaires en Afghanistan qui en sont la suite, à la guerre entre les démocraties et le nazisme. Ils opposent les principes idéologiques du terrorisme islamiste aux principes démocratiques (égalité des sexes, refus de la violence, liberté d’entreprise, et plus particulièrement d’un point de vue historique, mémoire de la Shoah et donc défense de l’Etat d’Israël) dont les Étasuniens sont présentés comme les défenseurs et les porteurs. Tout débat autour de la question du « sens des attentats » leur paraît contribuer, par surcroît, à dédouaner les terroristes de leur responsabilité. Qualifiant ainsi « leurs adversaires » de « néopétainistes », d’ « anti-impérialistes », les accusant de « fantasmes totalitaires », de défendre le droit à la légitime défense et de faire le jeu de guerre sainte (en particulier dans le conflit israëlo-palestinien) ou de renoncer à la pensée critique, ils posent un interdit absolu sur ce débat.
Ce non-débat nous paraît pourtant pouvoir céder la place au dialogue. Mais pour cela il doit être fait « justice » de deux points de vue, à notre sens, erronés.
Tout d’abord de celui selon lequel il y aurait de la complaisance à vouloir comprendre les attentats (comme jadis le génocide des Juifs). En…
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Auteur: Florent BUSSY Le grand soir