Qui est Roger Hallam, l'inspirateur sulfureux de Dernière rénovation ?

Vous lisez la première partie de notre enquête sur le collectif climatique Dernière rénovation.


Ils ont interrompu la demi-finale de Roland-Garros, certaines étapes du Tour de France, bloquent régulièrement des autoroutes ou des périphériques. Leur revendication : obtenir du gouvernement un plan majeur pour la rénovation thermique des bâtiments. En France, le collectif climatique Dernière rénovation attire les médias, énerve nombre d’automobilistes et questionne les autres acteurs de la lutte climatique. Sa ligne : la « résistance civile non violente », comme on peut le lire sur leur site internet. Concrètement, cela signifie que ses membres multiplient les actions hautement perturbatrices et répétitives — et prennent ainsi le risque d’aller en prison. Pour comprendre d’où vient cette stratégie bien rodée, il faut traverser la Manche à la rencontre de celui qui en est le principal instigateur : Roger Hallam.

Cet activiste britannique est un personnage central du mouvement climat. Cofondateur d’Extinction Rebellion, le mouvement au sablier inséré dans un cercle, il a aussi inspiré la création de nombreux collectifs partout en Europe, comme Dernière rénovation donc, mais aussi Just Stop Oil — les jets de soupe sur les Van Gogh, c’est eux — au Royaume-Uni. La recette miracle de Roger Hallam ? Un discours catastrophiste, qui le fait comparer la crise climatique à… la Shoah, des actions coups de poing qui séduisent la jeunesse, et la constitution d’un réseau international. Incarcéré depuis le 6 novembre dernier, Hallam n’a pas donné suite aux demandes d’entretien de Reporterre.

Comment est née cette stratégie ? Dès le début des années 2000, Roger Hallam, 56 ans aujourd’hui, a saisi la gravité du changement climatique. Le maraîcher bio dans le sud du Pays du Galles, près de Carmarthen, qui employait vingt-cinq personnes, était alors confronté à une météo imprévisible. Chaque année, les récoltes de sa ferme coopérative Organics to go — à laquelle il participe toujours — étaient durement abîmées par de longs mois de pluie.

Le signe, selon lui, d’un désastre global : si rien n’était fait, l’agriculteur en était persuadé, de grandes famines adviendraient, et des guerres civiles éclateraient. Il décida alors d’abandonner sa ferme de quatre hectares pour reprendre des études au King’s College de Londres. Pendant quatre ans, il s’est plongé dans les plus célèbres contestations radicales, comme le mouvement indépendantiste lancé par Gandhi en Inde ou la lutte des suffragettes pour les droits des femmes au Royaume-Uni. Lui-même s’était déjà frotté au militantisme en participant, ado, aux marches contre l’armement nucléaire…

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Auteur: Nina Guérineau de Lamérie, Scandola Graziani Reporterre