Qui osera continuer à financer les dangereux projets gaziers au Mozambique ?

Le projet de gaz liquéfié (GNL) de Total au Mozambique semble pouvoir être relancé dès le mois de juillet de cette année, selon des informations récentes. Le projet, qui prévoit l’extraction, la liquéfaction et le transport de gaz à partir de gisements situés au large de la côte nord du Mozambique, a été suspendu en 2021 lorsque des insurgés ont attaqué des villes côtières situées à proximité des sites de construction.

 

Les violences ont également interrompu un autre projet gazier, Rovuma LNG, le plus grand projet gazier du Mozambique. Rovuma est le seul projet de GNL au Mozambique qui n’a pas encore fait l’objet d’une décision finale d’investissement et qui est donc toujours en recherche de financements. Situé dans la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique, Rovuma est étroitement lié au projet Mozambique LNG. Si ce dernier redémarre, Rovuma devrait suivre bientôt, risquant d’exacerber une situation déjà terrible de conflit et de violence, et d’aggraver le changement climatique.

Le principal sous-traitant de Total, l’Italien Saipem, poursuit la construction parce que le géant français a donné l’assurance que le projet pourrait redémarrer en toute sécurité d’ici au mois de juillet. Le PDG de Saipem a admis que l’entreprise ne disposait d’aucune information sur la situation relative aux droits humains et à la sécurité dans la province, mais visiblement cela ne constitue pas un obstacle à la poursuite des travaux. Total a d’un côté communiqué sur une mission confiée à un expert chargé de “faire le point sur la situation sécuritaire et humanitaire” sur le terrain, mais s’est de l’autre déjà engagé publiquement à reprendre la construction bien qu’aucun rapport n’ait encore été publié.

Développer le gaz en plein conflit

Il était clair dès le départ que l’extraction du gaz à Cabo Delgado serait risquée. Les tensions dans la région ont commencé à poindre des années avant le début de la construction. Les attaques des insurgés se sont multipliées depuis octobre 2017, alimentées en partie par l’indignation suscitée par la répartition inégale des revenus du gaz. Les populations locales considèrent que le gaz contribue largement à la radicalisation dans la région, que les projets aggravent les inégalités et provoquent une colère généralisée, ce qui alimente la montée des groupes insurgés.

Si Total semble confiant dans sa capacité à créer un environnement sûr pour reprendre les travaux en juillet, la réalité est loin…

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Auteur: Marion Cubizolles