« Qu'il ait cassé, pas cassé, je m'en fous. Tant qu'il y aura un gilet jaune en prison, je ne serai pas libre »

Si les affrontements et violences qui ont accompagné le mouvement des Gilets jaunes ont amplement été médiatisés, le livre Je ne pensais pas prendre du ferme raconte « ce que les caméras n’ont pas montré » : les 10 000 gardes à vue qui ont ciblé les participants.e.s au mouvement, les milliers d’audiences au tribunal, partout en France, et les 3000 condamnations prononcées, dont plusieurs centaines de peines d’emprisonnement ferme. Du jamais vu face à un mouvement social récent. Début avril 2019, la rédaction de basta ! publiait un premier – et inédit – recensement de ces condamnations, réactualisé ensuite en septembre. Très peu de médias se sont intéressés à cet aspect.

En janvier 2020, plus d’un an après l’émergence du mouvement, Pierre Bonneau, l’un des auteurs de ce livre, réalisait pour basta ! une longue enquête, recueillant des témoignages de Gilets jaunes sur leur découverte de l’univers carcéral et les conséquences pour eux et leurs familles de ces peines souvent lourdes vu les faits reprochés et, le plus souvent, l’absence de tout casier judiciaire. « Ça n’a même pas duré dix minutes. Je n’ai rien compris à ce qui se passait », y raconte un manifestant après sa comparution immédiate. « À 40 ans, bientôt quatre enfants, je n’étais pas du tout préparé à aller en prison ! », témoigne un autre.

C’est ce travail qui a inspiré l’idée de ce livre, qui détaille onze récits, et s’ouvre sur ce long interview de Marie-France Carruezco. Retraitée à Montpellier, elle commence à suivre les audiences où comparaissent des Gilets jaunes. Elle assiste à 130 procès, entre avril 2019 et septembre 2020 ! Et commence à travailler avec la Ligue des droits de l’Homme (LDH) pour documenter ce qui s’y passe. Sa motivation première : ne pas laisser les prévenus isolés – quels que soient les faits qui leur sont reprochés – face à la machine policière et judiciaire à qui la ministre de la Justice enjoint « la plus grande fermeté ». Marie-France « est ainsi devenue une témoin exceptionnelle de la répression judiciaire du mouvement. Avec d’autres, elle a depuis monté le collectif Taramada pour venir en aide aux blessé·e·s », rappellent les auteurs. Voici un extrait de leur livre Je ne pensais pas prendre du ferme – Des Gilets jaunes face à la violence judiciaire, publié avec l’amicale autorisation des éditions du Bout de la Ville.

Les données amassées au fil des audiences dans ton « fameux » tableau Excel sont exceptionnelles…

La suite est à lire sur: www.bastamag.net
Auteur: Pierre Bonneau, Pierre E. Guérinet