L’autrice de cette tribune préfère rester anonyme.
Je m’appelle Caroline, j’ai 40 ans. Je vis seule avec Charlie, ma fille de douze ans, dans une ville moyenne du sud-est de la France.
Au printemps prochain, nous allons changer de vie.
En avril, nous vendrons notre maison de ville pour nous installer définitivement un peu plus loin, à la campagne. La Mangrove, c’est le nom que nous avons donné à notre terrain agricole d’un demi-hectare, acheté avec mon ex-conjoint il y a deux ans. Malgré notre séparation, j’ai fait mon possible pour le conserver. Je pressentais déjà qu’il y avait quelque chose à partager avec ces 5 000 m² d’herbes folles, d’arbres bringuebalants, de vols d’oies sauvages et cette lône, aux eaux stagnantes, surpeuplée de bestioles en tout genre.
Les premiers temps là-bas, à l’heure du confinement, furent un peu désœuvrés ; le syndrome de la page blanche, mais envahie d’une herbe drue, qui poussait sans limite. Alors, je l’ai fauchée, des heures entières, et ma première expérience à la Mangrove a été aussi heureuse qu’épuisante.
« Expériences heureuses », voilà les mots qui résument le mieux ces deux années là-bas : week-ends sous la tente, jardinage, fauchage encore, réfection des haies, feux de camp avec les amis, plantation de nouveaux arbres, de framboisiers pleins de gourmandes promesses, bricolage d’une première cabane. On a déplacé la serre pour laisser le vent s’y engouffrer, accueilli un ami et sa maison-camion pour les mois les plus doux, et même construit un ponton sur la lône pour partir, en canoë, à la recherche des méduses d’eau douce.
Là-bas, il y a surtout le temps de l’instant. La promesse des récoltes fruitières est trop lointaine pour qu’on s’en préoccupe sérieusement. Alors, allongé dans la rosée, on dispute la roquette sauvage à la tribu des limaces, qui nous laisse généreusement notre part.
Vivre là où nous étions les plus heureuses
L’envie de vivre plus souvent là-bas, où nous étions les plus heureuses, s’est imposée. Comme à notre insu. Nous avons commencé à construire un chalet, ni trop grand, ni trop petit, sans autorisation, mais sans nous cacher vraiment : des toilettes sèches, une douche solaire, un filtre pour l’eau sale, un frigo du désert… Et nous y avons passé le plus beau des étés.
Du coup, en septembre, le retour à la ville ne fut pas très enthousiaste. Bien sûr, nous retrouvions le confort, mais, finalement, il ne nous avait pas tant manqué. Le boulot, la pandémie qui va…
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Auteur: Reporterre